« Pansement : n.m. Ensemble du matériel utilisé pour couvrir une plaie, la protéger, et favoriser sa guérison. » Le petit Larousse 2010.


Quand on est malade, quand on a un petit « coup de mou », mieux vaut se reposer. Quand on est un peu fatigué, irrité, découragé, on peut avoir besoin de ce « quelque chose qui fait du bien » pour décompresser, éviter de passer ses nerfs sur les autres, mettre un joli pansement sur les émotions blessées. On peut bien sûr aller très bien, et vouloir se faire du bien devant de bons mangas pansements.

Mangas pansements : définition

Les mangas pansements fonctionnent exactement comme toutes ces autres choses qui nous font du bien : la petite douceur qui tapisse l’estomac, la séance de cinéma qui ravit les yeux, l’opéra ou le concert qui émerveille, la séance de sport qui redonne de l’adrénaline, le livre dans lequel on voyage à l’envie, les sorties entre amis…

Ma liste des mangas pansements n’est bien sûr pas exhaustive ! Mes mangas pansements ne seront pas forcément les vôtres, car nous avons toutes et tous nos centres d’intérêt, nos thèmes de prédilection. Moi, par exemple, je carbure aux tranches de vie, aux comédies, aux histoires du quotidien, avec du sport pour les épices…

Mangas pansements : la sélection

Je rappelle que les mangas pansements ne sont pas seulement là pour nous faire du bien quand ça ne va pas. Ils sont là à tout moment, toujours disponibles pour nous emporter dans leur univers. Mondes fantastiques, science-fiction, récits historiques, tranches de vie, comédies, drames, récits d’action, épopées sportives… à chacun ses mangas réconfortants. A noter que si la présente sélection se nomme sobrement « mangas pansements », elle comprend en fait des anime et des drama…

Host Club

Host Club, c’est les 50 rires par jour garantis ! Pour rappel, le manga nous plonge, non pas dans un club de host (assez glauque, en réalité…), mais dans le quotidien de lycéens dandys déjantés (sauf Kyoya !!). Issue d’un milieu modeste, la blasée Haruhi intègre le prestigieux lycée Cerisiers et Orchidées. A cause d’une maladresse, elle se retrouve endettée auprès du club le plus select du lycée : le Host Club. Il réunit les garçons les plus riches et les plus beaux du bahut. Pour rembourser sa dette astronomique, Haruhi, seule boursière de l’établissement, n’a d’autre choix que d’intégrer le Host Club. Au programme : promenades champêtres dans des décors abracadabrants, dégustation de thé et de pâtisseries aromatisées aux palabres de Tamaki, le prince autoproclamé du club (et véritable roi des loufoques). Créé par HATORI Bisco, le manga, terminé en 18 tomes, est sorti chez Panini en 2006. Il est actuellement réédité chez le même éditeur.

Hikaru no go

C’est en trouvant un vieux goban (une table de go) chez son grand-père que le jeune Hikaru voit apparaître… un fantôme ! Il se nomme Sai Fujiwara et provient tout droit de l’époque Heian. Drôle et émotif, Sai est bien heureux d’être libéré du goban, car il va enfin pouvoir jouer au go, sa passion. Car l’homme est un véritable prodige du go. Hikaru, lui, n’y connaît rien, mais autorise Sai à assouvir sa passion en passant par lui… avant de se prendre lui aussi de passion pour le go. Il se fait des amis, également fans de go. Il rencontre surtout Akira, un enfant de son âge assez prodigieux pour intéresser le grand Sai. Hikaru aussi voudrait attirer l’attention de son ami d’un autre temps… Il se met lui aussi à apprendre le go, sérieusement.

Scénarisé par HOTTA Yumi et dessinée par OBATA Takeshi, Hikaru no Go est une très belle histoire d’amitié et de passion. Le titre, sorti chez Tonkam, comptait à l’origine 23 tomes. Il a été réédité dans une version Deluxe compilée en 20 tomes (le dernier tome est sorti en novembre 2022). La relation entre Hikaru et Sai est particulièrement touchante. On voit Hikaru, Akira et les autres enfants grandir. Hélas, la seule chose qui froisse, dans Hikaru no Go, est le manque de respect du héros vis-à-vis de sa mère. Une seule scène montre l’enfant parler à sa mère sans aucune considération. Le développement des personnages féminins laisse lui aussi à désirer. Eh oui, tout n’est pas parfait dans les mangas pansements !

Migi&Dali

Migi&Dali est à l’origine un manga de SANO Nami. La mangaka, connue pour son manga Sakamoto, pour vous servir ! est hélas décédée en août 2023 des suites d’un cancer, à seulement 36 ans.

Migi&Dali est une histoire qui réussit à inquiéter, émouvoir et faire rire. Les deux frères jumeaux, Migi et Dali, ont une mission terrible à accomplir. On compatit à leur souffrance, mais on voudrait que leur peine ne plonge pas dans la haine. L’ambiance de Migi&Dali est assez inquiétante et dérangeant. Mais on finit étrangement par s’habituer à ce huis clos de quartier…

Bienvenue au village chic d’Origon. Le vieux couple Sonoyama attend un heureux évènement : Hitori, leur fils adoptif, arrive. L’adolescent est l’enfant parfait. Poli, gentil, doux, prévenant, il répond à toutes les attentes du couple. Mais lorsqu’il referme la porte de sa chambre, Hitori montre un visage bien plus inquiétant… Ils sont deux. Et ils sont venus dans ce village pour tuer.

C’est après avoir vu l’anime (disponible sur Chrunchyroll) que j’ai acheté les mangas (édités chez Komikku). Avec ce pitch inquiétant, vous vous demandez peut-être pourquoi Migi&Dali fait partie des mangas pansements. C’est parce que Sano Nami a réussi à mettre de l’humour, de la candeur et de la douceur dans son histoire. Les héros veulent surtout être aimés. On les suit donc en espérant qu’ils n’iront pas au bout de leur résolution funeste…

A sign of affection

Bien entendu, les mangas pansements ne seraient pas les mangas pansements sans A sign of affection ! Le manga de suu Morishita est une véritable ode à la bienveillance. On y découvre le quotidien de Yuki, bien décidée à se faire une place dans ce monde qui ne lui en fait pas, ou qui entend l’enfermer dans son handicap. Yuki est sourde et étudie à l’université. Lorsqu’elle rencontre Itsuomi, camarade de fac aussi prévenant que désinvolte, elle découvre l’amour.

Mais plus qu’une simple histoire d’amour, A sign of affection est une histoire de vie. La vie active, les interactions avec les amis, la vie de famille, avec le frère et les parents de Yuki, dont le regard sur le handicap peut interpeler. Comment armer au mieux son enfant pour qu’il affronte le monde malgré son handicap ? Faut-il que le foyer devienne une antichambre de ce monde hostile, qui ne parle pas la langue des signes ? Ou faut-il au contraire qu’il reste ce cocon où l’enfant pourra baisser les armes et s’exprimer librement ? Faut-il forcément un choix entre ces deux propositions ?

La relation entre Yuki et Itsu réconforte. Malgré toutes les atrocités du quotidien, il existe des formes d’amour qui reposent sur le respect mutuel, la communication, le partage. Chacun fait des efforts pour aller vers l’autre. Chacun apprend de l’autre et le valorise. Encore de quoi nous faire réfléchir sur nos propres interactions. Toujours en cours au Japon, le tome 11 de A sign of affection est sorti le 2 janvier chez Akata.

The Blue Flowers and The Ceramic Forest

Encore un titre indispensable à la sélection « mangas pansements » ! Coup de cœur 2024, The Blue Flowers and The Ceramic Forest nous fait découvrir le chatoyant monde de la poterie à Hasami, le travail minutieux, patient et passionné d’artisans talentueux. Située sur l’île de Kyûshû, au sud du Japon, Hasami est véritablement la ville de la céramique.

Aoko est une artisane experte en peinture sur céramique. Mais Tatsuki, qui vient d’arriver dans son atelier, n’aime que les céramiques blanches. Les deux trentenaires arrivent pourtant à s’entendre. La mangaka, ANDO Yuki, nous épargne les batailles niaises pour nous montrer le développement d’une relation mature. Et ça fait du bien ! Très vite, chacun reconnaît le talent de l’autre. La mangaka prend le temps de tisser les fils d’une solide relation. Le travail, l’art, la passion et la sphère intime créent des ponts, s’emmêlent parfois, et permettent à Aoko et Tatsuki de se libérer du passé pour mieux embrasser l’avenir. Terminé en 10 tomes au Japon, The Blue Flowers and The Ceramic Forest est toujours en cours en France, avec 6 tomes sortis. Le tome 7 est prévu pour février.

Haikyû !!

Manga pansement plein d’adrénaline ! Signé FURUDATE Haruichi, Haikyû !! nous fait découvrir le volley-ball. En attendant de me procurer le manga (Crunchyroll, fini en 45 tomes, actuellement réédité), j’ai suivi l’anime sur Crunchyroll.

HINATA Shôyô rêve de volley malgré sa taille : 1m63. Mais alors qu’il intègre le lycée Karasuno (il sera bloqueur central) et fait un premier pas dans la réalisation de son rêve, il trébuche sur le pied du grand KAGEYAMA Tobio, passeur de génie, mais au caractère à l’opposé de celui du jovial Hinata. Kageyama serait capable de jouer au roi du silence pendant 10 ans… C’est au contact de ses coéquipiers de Karasuno, et surtout de Hinata, qu’il va peu à peu s’adoucir, et révéler un caractère ardent. Haikyû !! est une excellente série sportive. Son grand point fort, c’est son humanité et sa justesse : les phases de jeu côtoient les moments de vie quotidienne. Ces tranches de vie sont traitées avec autant de soin que les matchs. Ici, pas de héros qui gagne toujours tout (comme Ippo de Hajime no Ippo ou Tsubasa de Captain Tsubasa). Hinata n’est pas un génie, mais un joueur dans la moyenne, qui évolue avec ses coéquipiers.

Ai shite Knight

Petite, je regardais l’anime en boucle. Plus grande, je me suis jetée sur les mangas, sortis chez Tonkam entre 2010 et 2011 (édition désormais stoppée). 3 romans sont édités chez Black box ; le 3e et dernier tome est paru en juillet 2023. Sorti en 1981, Ai shite Knight est le manga a succès de TADA Kaoru. Hélas, l’autrice est décédée à 38 ans.

Connue en France par sa version anime, nommée Lucile embrasse-moi (sur la 5) puis Lucile amour et rock’n’roll (TF1, Club Dorothée), Ai shite Knight est le rêve éveillé de Yaeko (Yakko)/Lucile, 18 ans, brûleuse d’okonomiyaki professionnelle. Son père, le restaurateur Duronchon (Shigemaru) peut bien râler : sa fille n’a pas le coup de main pour la cuisine. Elle rêve plutôt d’ailleurs. Mais l’arrivée d’un beau gosse aux cheveux longs la ramène subitement sur terre. Il s’appelle Satomi (Tristan), et joue au clavier dans un groupe de rock : les Bee Hives. Avec lui, Lucile découvre un nouveau monde : le petit Hashizo (Benjamin), son étrange chat Juliano (Roméo), et Go (Mathias), grand frère de Benjamin, chanteur des Bee Hive et meilleur ami de Tristan.

Manga pansement, manga doudou, Ai shite Knight se savoure comme une douceur nostalgique. Il existe des différences entre le manga et l’anime, dont certaines bien à propos. Ainsi, un accès de violence de Go sera heureusement supprimé dans l’anime (vraiment, tout n’est pas parfait dans les mangas pansements!). Le Mathias de l’anime est d’ailleurs sensiblement différent du Go du manga. Dans l’anime, le chanteur est plus posé ; il n’est pas volage, mais plutôt bon père de famille.

Mangas pansements : ça continue

Il existe bien entendu de nombreux autres mangas pansements : Skip&Loafer (la saison 2 arrive !), Mobuko no koi, Ocean Rush, Maison Ikkoku, Aharen san wa hakarenai (la saison 2 arrive !), Knight Flower, Fends le vent, Les artisans du possible, L’enfant en moi, ou encore City Hunter, le film !

L’essentiel est de se retrouver avec des histoires qu’on apprécie, dans lesquelles on aime se replonger, pour réfléchir sur la vie, sur nous-mêmes, sur le monde, pour s’évader, pour rire, ou tout simplement pour passer un bon moment.

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