Piccoma France, filiale du géant Kakao, c’est (bientôt) fini ! Annoncée fin mai, la nouvelle met en émoi le monde du webtoon/manga numérique…
Arrêt de Piccoma France
L’annonce est tombée le 27 mai. Piccoma Europe, filiale du leader coréen Kakao (2e géant du webtoon, derrière Naver), cesse ses activités en septembre. Pour l’instant, la plateforme est encore active. Mais ne comptez pas trouver de nouveautés. Les titres déjà présents continueront d’être mis à jour jusqu’à la fin du mois. Après le 30 juin, il n’y aura plus de mises à jour. La plateforme restera accessible jusqu’au 30 septembre. Après cette date, Piccoma France (Piccoma Europe) s’arrêtera. Il ne sera plus possible d’accéder aux titres gratuits et à ceux qu’on aurait achetés. Les titres achetés ne sont pas téléchargeables.
C’est un coup dur pour Piccoma Europe. Parmi les causes de la fermeture : des déficits fragilisant la maison-mère. Kakao préfèrerait renforcer sa position sur les marchés porteurs, comme le marché japonais.
Certains mettent en avant les failles du modèle économique de Piccoma Europe. Le mode de paiement au chapitre, défendu par l’entreprise pour éviter des abonnements non adaptés aux profils des lecteurs, était-il rentable, et si oui, pour qui ? Les auteurs et les autres acteurs de l’entreprise y trouvaient-ils leur compte ? D’ailleurs, que deviendront les séries en pause et celles toujours en cours ?
En attendant les réponses à ces questions, retour et tour d’horizon sur les titres Piccoma à retenir (du moins, si vous partagez mes (très bons) goûts).
Le 19e spécialiste
Le 19e spécialiste, c’est TOKUSHIGE, le médecin généraliste altruiste et dévoué. Le manga nous plonge au cœur de l’hôpital et dans le quotidien des patients. Peut-on adopter un modèle économique capitaliste pour faire tourner un hôpital ? Pour Tokushige, la réponse est claire : c’est non. Il oppose au rationalisme inhumain une approche sensible, au plus près des patients. Signé FUJIYA Katsuhito et KAWASHITA Takeshi, Le 19e spécialiste est un excellent manga que j’espère voir sortir en France.
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Mobuko no Koi
Bienvenue dans le petit monde de TANAKA Nobuko, surnommée « Mobuko » « celle qui soutient ». Car oui, Nobuko est toujours celle qui soutient, dans l’ombre. La position lui convient parfaitement : elle est très réservée et ne souhaite surtout pas avoir la vedette. La jeune étudiante travaille à temps partiel dans une supérette. Elle y découvre les joies des relations entre collègues, et les premiers émois… Mais que faire de ces sentiments ? Comment approcher Irie, l’élu de son cœur ?
Le manga est l’œuvre de TAMURA Akane. Disponible en France chez Noeve Grafx, il compte 6 tomes ; 19 tomes sont sortis au Japon, chez Coamix. C’est un titre frais, doux, touchant. Mobuko et Irie, qui partagent bien des points communs, sont très attachants. J’aime particulièrement ces scènes qui nous présentent les pensées des personnages. C’est un manga que j’achèterai certainement, peut-être en japonais, pour réviser. Ce type de manga tranche de vie est très bien pour ça.
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La Maison du soleil
Autre série lumineuse, malgré un cadre plutôt difficile. Mao, délaissée par ses parents, trouve la lumière dans la maison du soleil. La maison du soleil, c’est celle des Nakamura. Mao y passe toutes ses journées. Elle joue avec les enfants Nakamura et se sent, elle aussi, comme une enfant de la famille. C’est qu’elle peine à trouver sa place dans son propre logement. Sa mère a quitté la maison. Son père est amoureux de son travail. Mais il se remarie, et semble de nouveau revivre auprès de sa nouvelle vie familiale.
Mais Mao étouffe. Elle repense à sa maison du soleil et court retrouver ses souvenirs, pour mieux construire son avenir. Hélas, le temps a passé. Les parents Nakamura sont morts dans un accident. Les enfants ont été séparés. Seul reste Hirô, l’ainé de la famille. Lorsqu’il revoit Mao, il revoit la solitude. Il ressent la peur d’être abandonné, rejeté, délaissé. Hirô lui rouvre la porte de la maison familiale, la maison du soleil. Ce sera peut-être, pour elle comme pour lui, l’occasion de prendre un nouveau départ.
La Maison du soleil parle de la solitude, de la perte de ceux qu’on aime, du sentiment de vide, de la vie qui continue malgré tout, de la difficulté de nouer des relations humaines. C’est touchant, doux, sensible, parfois drôle, souvent poignant. On est tout de suite pris dans ces émotions qui tourbillonnent et bouleversent les personnages.
La Maison du soleil est un manga de TAAMO. La mangaka l’a publié en 2010 chez la Kodansha. La série, terminée en 13 tomes, est sortie chez Pika en 2017. Hélas, elle n’est plus publiée. J’aurais peut-être de la chance en la dénichant en japonais… !
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Le Chat aux 7 vies
Même si je n’en ai pas, j’aime bien les chats. Mes premiers mangas félins étaient Elle et son chat et Sa Majesté le Chat. Deux histoires très différentes, mais qui montraient bien le lien si particulier qui unissait les maîtres et leurs chats. Le Chat aux 7 vies montre lui aussi ce lien particulier. On suit le périple de Michi et Nanao, deux chats des rues qui survivent avec leurs camarades de galères. La nourriture, ils l’obtiennent grâce aux tables des humains. Mais bien sûr, il est hors de question d’entrer en contact avec ces êtres. Les chats restent libres, et le revendiquent. Nanao et Michi entendent vivre ainsi jusqu’au bout des temps… mais le temps s’arrête lorsqu’ils rencontrent NARITA Yoshino. Entre elle et eux, c’est la catastrophe. Elle ne les aime pas. Eux non plus. Mais les rencontres se multiplient et la catastrophe prend des contours moins catastrophiques, plus mélancoliques… Et s’il était possible de créer une nouvelle histoire ?
Encore un manga très touchant, doux et délicat. Mon cœur compatissant s’est ému au point de vouloir faire de ma ville une table géante. Le Chat aux 7 vies, c’est le manga de SHIRAKAWA Gin, publié en 2018, au Japon chez ASCII (Asuki – Mediaworks). La série est finie en 3 tomes, tous sortis en France, chez Glénat.
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Veil
Quand Veil est sorti gratuitement sur Piccoma, j’ai testé les premiers chapitres, mais ai vite arrêté, bien que le contenu soit encore gratuit. Veil, à mon humble avis, supporte mal le format numérique (du moins, Veil pensé sous sa forme actuelle, qui est le manga papier).
Quand les manga numériques ont commencé à se développer, de nombreux auteurs ont souligné l’importance du format. Un manga comme Veil illustre bien cette difficulté lorsqu’il s’agit de le proposer en format vertical.
KOTTERI, l’autrice de Veil, a opté pour un trait subtil, délicat et un découpage très léger, flottant, poétique, malicieux, hors du temps. Le manga est à cette image : hors du temps. La rencontre entre elle et lui, leurs échanges, l’époque, tout est suspendu à une phrase ou un murmure, une impression. Elle n’ouvre jamais les yeux. Il cherche souvent sa compagnie. Entre eux deux se crée une douce complicité.
Veil est un manga toujours en cours. Sorti en 2019 au Japon, chez l’éditeur Jitsugyô no Nihonsha, il compte 6 tomes pour l’instant. En France, c’est Noeve Grafx qui édite la série depuis 2020. 4 tomes sont disponibles pour l’instant.
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Power Girl
A voir Yuki perchée sur de hauts talons, avec les cheveux bi-colores, le maquillage multicolore, la mini-jupe et le décolleté, on pense tout de suite avoir à faire à une fashionista superficielle. D’autres mots fort discourtois sifflent dans les oreilles de Yuki. Serait-elle dévergondée ? Trop excentrique ? Yuki n’est rien de tout cela. Au contraire : réservée, pudique, sincère, elle est attentionnée et très sensible.
Yuki veut croire que l’être humain est capable du meilleur. Courageuse, elle essaie de surmonter son traumatisme de jeunesse. Les humiliations des camarades, les railleries, elle a connu, elle a subi. Sa transformation vestimentaire est une manière d’affirmer qui elle est. Mais elle ne s’habille pas ainsi pour prouver quelque chose aux autres. Elle aime son look, tout simplement. Et ça ne l’empêche pas d’aller à la fac, d’étudier, de sortir avec ses amis, de vivre, tout simplement. La tolérance : voilà le message que veut porter ASAHINA Sho, la mangaka, de Power Girl.
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Our days together
Rinko vit seule. Elle quitte l’appartement, le matin, revient le trouver dans sa solitude, s’installe à table ou quelque part, picore un bout de dîner. Personne ne s’inquiète, et pourtant. Personne ne s’inquiéterait si Rinko était majeure. Mais Rinko est en primaire.
Personne ne soupçonne son calvaire quotidien. A l’école et devant les voisins, elle feint la comédie. Personne ne doit savoir que sa mère l’a abandonnée. Son père n’est plus là depuis longtemps. La mère de Rinko est partie un jour, en laissant de l’argent sur la table. Depuis, lorsque Rinko rentre de l’école, il lui arrive de voir un petit pactole sur la table. Signe que sa mère est passée. Signe qu’elle erre dans les parages. Mais Rinko n’a que faire de cet argent. Elle veut sa mère, de l’amour, de l’affection. Quel parent oserait quitter le foyer en laissant son enfant seul ?
Le bonheur de ses camarades de classe fait ressentir à Rinko l’horreur de sa condition encore plus fort. Elle a déjà perdu l’insouciance de la jeunesse. Ses traits sont tirés et lourds. Son visage est terne et froid. Un soir, Rinko tombe sur un jeune homme gisant, inconscient. Elle l’aide. Enfin, de la compagnie ! Le jeune homme se nomme Haruno. Il est escort boy. Lorsque Rinko comprend de quoi il s’agit, elle décide de louer ses services. Haruno n’a pas de cliente : peut-il jouer un membre de sa famille ? Le garçon accepte. Commence alors, pour Rinko comme pour Haruno, une vie de famille qui n’a rien d’une farce.
Comme une famille
Au début, j’ai eu peur qu’on tombe dans quelque chose d’un peu glauque. Heureusement, non. Our Days Together, le manga de NANASE Hachi, est plutôt une ode à la bienveillance. Comme dans la Maison du soleil, le manga parle de cette solitude qui fait souffrir. Rinko souffre d’autant plus qu’elle s’estime responsable de tous les problèmes familiaux.
La série, terminée en 4 tomes, est sortie au Japon en 2021 chez Coamix. En France, on a pu la retrouver chez Piccoma, presque totalement gratuite. Seuls les derniers chapitres étaient payants. J’ai trouvé le manga très touchant. Le trait de la mangaka est doux, rond, mignon. On est d’autant plus émus devant le courage de Rinko, qui supporte les froides nuits seule, à attendre sa mère. Haruno aussi cache, derrière son air désinvolte, de profondes blessures. Lui aussi cherche un lieu ou se reposer, une famille dans laquelle revenir. J’espère que le manga arrivera en France.
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Skip & Loafer
Mon COUP DE CŒUR tranche de vie du moment ! Ça faisant longtemps que je n’avais pas lu/vu pareille série scolaire (après avoir découvert le manga sur Piccoma, je me suis jetée sur l’anime, sur Chruncyroll). Je ne compte pas Entre les lignes, Le petit monde de Machida ou même Fends le vent ! car les thèmes qu’ils développent sont plutôt hors du strict cadre scolaire.
Skip and Loafer (Skip to Loafer en VO, « to » c’est pour « et » donc on est bon!) un school manga dans la schoolitude la plus totale. Jugez plutôt : l’héroïne, Mitsumi, quitte sa campagne natale pour débarquer dans un lycée tokyoïte. Sentez-vous ce parfum de manga qui fait du bien ? Mitsumi a déjà planché sur la compile de ses 50 futures années. Elle brillera dans son lycéen tokyoïte, sera major de Todai, la prestigieuse université. Après quelque brillante carrière où son cerveau génial sauvera servira l’humanité, elle retourna dans sa ville natale, et dissertera sur ces riches années passées à aider son prochain.
Voilà donc le plan de vie de notre héroïne intellote. Mais avant de rafler tous les prix Nobel, il faut d’abord se rendre au lycée. Mitsumi est certaine que tout ira bien… avant de confondre une ligne express avec une ligne classique. Heureusement, Shima, un brave garçon du même lycée, passe par là et remarque la future prix Nobel. Shima n’est pas perdu. Il est juste en retard, et s’en fiche. Mitsumi, qui pense à sa carrière sur la Lune, entraine Shima dans une course effrénée pour rattraper ce jour de rentrée.
Incroyable !
Skip & Loafer réunit tout ce qu’on aime dans un manga « feel good » : c’est drôle, rafraichissant, émouvant, positif, sensible… Les personnages sont attachants. On entre dans leur quotidien, et on y reste ! TAKAMATSU Misaki, la mangaka, nous offre une belle histoire réconfortante.
Le manga est sorti en 2018 au Japon, chez la Kôdansha. La série est en cours, avec 10 tomes parus. Elle est éditée en France, chez Noeve Grafx, depuis 2023. 4 tomes sont sortis pour l’instant. Voilà un manga que j’achèterai à coup sûr ! Là encore, c’est une excellente histoire pour réviser le japonais (vocabulaire de la vie quotidienne). Si les pistoles sont au rendez-vous, le meilleur plan est bien sûr de les acheter en français et en japonais, pour avoir une correction à portée de main.
Découvrez Skip & Loafer chez Noeve Grafx. Testez le manga sur Piccoma.
Les infos en plus
Générique du podcast : Hands of the wind, de Manuel DELSOL
Musiques de fond : Applause cheer 1 – Tunetank.com (mais pas fait avec l’IA !!)