Parce qu’il faut bien un City Hunter pour nettoyer la ville…

City Hunter par Saeba Ryo

On ne présente plus City Hunter, dit-on, mais je vais le faire quand même ! Peut-être ignorez-vous que City Hunter planque à Shinjuku, (un quartier de Tokyo), qu’il est un tireur hors pair, le meilleur de la galaxie, qu’il va là où personne ne veut ou ne peut aller pour nettoyer les bas-fonds de la ville… c’est opération place nette, avec SAEBA Ryô, alias City Hunter. Il vole au secours des pauvres innocents, (enfin, ça dépend qui), et frappe les terribles méchants… Mais quand l’histoire dérape côté cœur, ou plutôt côté corps, et corps féminins, c’est plutôt Saeba qu’il faudrait envoyer sous les barreau. Dragueur maladif, il pose son regard lubrique sur toutes les jolies femmes…

Voilà pour les présentations. Le manga City Hunter est, avec Cat’s eyes, l’une des œuvres phares du mangaka HOJO Tsukasa. Terminé en 32 tomes, le manga City Hunter sort en 1986 dans le magazine de prépublication Shônen Jump, édité chez la Shueisha. En France, il sort une première fois chez J’ai lu en 1996, en 36 tomes. Il connaît ensuite plusieurs rééditions, au Japon comme en France. La dernière réédition française est d’ailleurs toujours en cours, chez Panini.

Nicky Larson ne craint personne

Le manga a connu une adaptation animée, réalisée par le studio SUNRISE en 1987. L’anime est sorti ensuite en France et a fait les beaux jours du Club Dorothée. C’est dans cette adaptation française que les noms des personnages ont été changés. A l’époque, on faisait tout pour donner une touche française aux prénoms et lieux japonais. Par exemple : Aishite Knight. En France, la série sort sous le titre Embrasse-moi Lucile puis Lucile amour et rock’n’roll. Gô devient Mathias, Lucile, l’héroïne, s’appelle en fait Yaeko. L’histoire se passe à Osaka, mais dans la version française de l’anime, ils prétendent habiter à Paris et étudier à la Sorbonne… ce qui provoquera bien des quiproquos par la suite… !

Mêmes couacs dans les prénoms avec City Hunter. Saeba Ryô s’appelle Nicky Larson (la série elle-même est renommée « Nicky Larson »). Makimura Kaori devient Laura Marconi. Son frère, Makimura Hideyuki est renommé Tony Marconi.

City Hunter, le pari réussi

C’est le 25 avril que sort le nouveau live-action de City Hunter, sur Netflix. La réalisation est signée SATO Yuichi (Kasane) avec un scénario écrit par MISHIMA Tatsuro (Yuyu Hakusho live-action). Les musiques sont signées SEGAWA Eishi (Gintama live-action)

Le film est porté de bout en bout par SUZUKI Ryohei qui nous offre un Saeba très fidèle à sa version originale. L’acteur réalise une véritable prouesse en campant le célèbre nettoyeur. Il donne la réplique à ANDO Masanobu (Hideyuki) et MORITA Misato (Kaori). Là encore, ça fonctionne. Ando et Morita incarnent leurs personnages et nous font vivre dans ce monde dans le monde, Shinjuku et ses mille facettes.

Et avec les femmes ?

Ce film est vraiment chouette, on passe un bon moment. Mais que dire du côté pervers de Saeba ? Je ne sais plus où j’ai lu : « si Saeba existait vraiment, il serait depuis longtemps en prison ». City Hunter est-il sexiste ? Dans le manga, ses agissements envers les femmes tombent clairement sous le coup de la loi. Laquelle ? La loi japonaise, française ? De quelle année ?

Ne pinaillions point. Nous savons bien que Saeba est un pervers et que ses actions sont répréhensibles. Ce n’est pas bien ! Voilà qui est dit. Heureusement dans le film, c’est plus édulcoré. C’est plutôt Saeba qui mouille le maillot et qui donne de sa personne.

Shinjuku côté off

SATO Yuichi, le réalisateur, a réussi à saisir l’essence du début du manga. Au tout début, HOJO Tsukasa, le mangaka, nous plonge dans un monde poisseux, sombre, cynique. Derrière le strass, après le dernier verre, entre deux rires cyniques, le monde est froid, glauque, et il n’y a bien que Saeba et Makimura pour oser y traîner… Il y a certes des moments comiques, mais ils sont plutôt rares.

Le ton change assez rapidement, avec l’arrivée de Kaori. Mais ce changement, on le doit surtout à l’éditeur et au parti pris suite au succès du manga, aux votes des lecteurs… HOJO Tsukasa expliquera qu’il aurait bien voulu continuer dans cet univers des premiers tomes, mais qu’il a été progressivement poussé vers cette légèreté. La marque du succès ? Oui, mais à quel prix ?

Le manga City Hunter, s’est peut-être un peu enfermé dans cette légèreté. Les enquêtes deviennent redondantes, avec la jolie femme qui a besoin d’un garde du corps, qui veut se venger, qui a perdu son fiancé… Ces femmes se ressemblent d’ailleurs physiquement, et le fil rouge du premier tome se perd sous les farces de Saeba. Il revient de temps à autre comme un clin d’œil, mais il faudra attendre la fin du manga pour vraiment renouer avec la trame principale.

La classe et la farce

Dans le film, on est clairement dans le début du manga. Un choix judicieux est très bien transposé à l’écran. Le film revisite le début de la série avec la terrible drogue Angel dust. Les scènes d’action, présentes dès le début du film, donnent le ton. On retrouvent bien sûr des moments plus touchants, plus posés. Sans oublier l’humour très particulier de Saeba. Le film réussit à nous faire comprendre les choses sans en faire trop. Et c’est tant mieux !

SUZUKI Ryohei, qui incarne Saeba, est classe quand il le faut, drôle au bon moment, sérieux à ses heures et toujours roi de la gâchette. Et ça fonctionne ! Le film s’adresse à tous.

Sous-titres : le choix polémique

Pour quelque étrange raison, Netflix France a décidé de prendre les noms des héros de la version française (VF). On lit donc des Nicky Larson quand on entend très clairement « Saeba ». Pareil pour les Laura qui sortent à toutes les sauces alors qu’on entend « Kaori »… Dommage. Certains supposent un clin d’œil fait pour la génération Club Do. Mais le clin d’œil n’avait pas du tout lieu d’être. S’il y a une suite, j’espère que Netflix France fera de bons sous-titres, avec les noms japonais.

City Hunter VS Nicky Larson : le faux duel

J’avais beaucoup apprécié l’adaptation réalisée par Philippe LACHEAU. Son film prend les prénoms français et là, ça se justifie. Nicky Larson et l’ange de Cupidon reprend le City Hunter version « comique ». C’est cette ambiance potache que Philippe Lachau a adaptée, avec succès. On a vraiment ces deux ambiances dans City Hunter. Le côté sombre, poisseux des premiers tomes, puis l’ambiance complètement loufoque et légère qui prendra plus de place par la suite. Je ne pense pas que l’on puisse comparer les deux œuvres, car elles présentent des ambiances différentes, tout en s’inscrivant dans le monde de City Hunter, chacune avec brio.

City Hunter live action : à quand la suite ?

Tout semble là pour une suite. Le duo Suzuki/Morita (Saeba/Makimura) s’articule bien. J’ai beaucoup aimé ces moments où l’on ressent le désarroi de Kaori. C’est la Kaori du début, traumatisée par l’assassinat de son frère, dégoûtée de sa propre faiblesse. Elle grandit au fur et à mesure du film, pour devenir la nouvelle partenaire de Ryo. Pas encore celle que l’on verra dans la suite de la série, bien sûr. On est encore au début, et c’est très bien amené.

Comment ne pas parler de Shinjuku ! Personnage à part entière du film, on admire Shinjuku dès les premières minutes. Shinjuku de jour, Shinjuku de nuit, et son célèbre Kabuki-chô… Vivement la suite des aventures du célèbre nettoyeur…

Les infos en plus

Crédit bande annonce et image : © Netflix – 2024

Sons d’ambiance du podcast : Zapsplat.com

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