Courir contre la flemme
Shôta a la flemme. Pas la flemme facile, la flemme automatique, la flemme qui t’empêche de tendre le bras pour attraper la télécommande située à exactement 5cm de ta flemme et toi. Shôta a une flemme en colère ou fataliste ou amère, un peu, parfois. Une flemme qui bouillonne et explose dans ses pensées. Il voudrait bien bouger, sauter, courir, comme avant. Il se voyait star du club de foot de son lycée. Star, star, non, joueur, même un joueur perdu dans la masse des autres coéquipiers. Il était doué au collège. Il aurait pu l’être aussi au lycée, il le sait. Mais comment courir avec une jambe ?
Shôta a perdu sa jambe gauche et improvise une nouvelle vie dans son uniforme de lycéen. Aller en cours, suivre les cours, saluer quelques élèves, rêver de sa vie d’avant et sursauter devant sa prothèse. Saluer qui, au fait ? Pour quoi faire ? Les visages n’ont plus de noms ou les noms n’ont plus de tête. Plus rien ne semble avoir d’importance pour le jeune lycéen. Oh, mais Shôta n’est pas taciturne pour autant. Il va en cours, essaie de sympathiser avec ses camarades. Il cause bien avec Usami, Usami qui a lui aussi du mal à retenir les noms et les visages. Mais bon, il n’est pas au niveau de Shôta. Bouger, courir, courir. Voilà ce que pense l’adolescent. C’est peut-être cette pensée qui l’amène, un jour ordinaire, un jour banal, à bouger, vraiment. Shôta peut courir.
Fends le vent !, les origines
Fends le vent !, 新しい足で駆け抜けろ / Atarashii Ashi de Kakenukero, c’est le manga de MIDORI Wataru. En japonais 駆け抜けRU veut dire « traverser en courant, dépasser ». Le mot est composé de deux verbes : 駆ける/kakeru (courir, galoper) et 抜ける /nukeru (sortir, s’extraire, échapper). Le verbe est conjugué à la forme en ろ/ro, une forme impérative familière. Vous avez sans doute déjà entendu dans un anime ou un drama « YAMERO ! » pour dire « arrête ! ». Ça, c’est le niveau 0 de la politesse. La formule polie, c’est « YAMETE KUDASAI ».
新しい/atarashii veut dire « nouveau » et 足/ashi veut dire « jambe ou jambes ». La particule で/de sert à définir le moyen : « je cours au moyen de ma nouvelle jambe » (sens littéral). Mais on traduira plutôt « Cours avec ta nouvelle jambe ! » quelque chose comme ça. Avec un sens de « va de l’avant ! » « Échappe-toi » « cours, cours ! » Le titre japonais reprend cette idée de course, de passage, de traversée, de vitesse. Le titre français aussi a très bien repris l’idée du titre original. Fends le vent !
Au Japon, le manga est sorti en 2019 chez la Shôgakukan. La série est finie en 5 tomes. En France, le tome 1 est sorti en janvier 2024. Le tome 2 sortira en mars. Une série courte, dynamique, positive, avec des personnages sympathiques… Fends le vent!, est bien parti pour être mon nouveau manga de sport.
Courir avec Running girl
Il y a quelque temps, j’avais acheté Running girl, ma course vers les paralympiques, un manga de SHIGEMATSU Narumi. Le manga raconte le parcours de Rin qui, elle aussi, n’a plus goût à rien depuis qu’elle a dû être amputée d’une partie de sa jambe droite. Comme Shôta, la lycéenne se demande ce qu’elle pourrait faire dans la vie. Elle découvre que le monde ne lui est pas fermé, au contraire. Elle peut toujours aller de l’avant et courir, grâce aux prothèses adaptées aux sportifs.
Running girl est une série très sympathique. Rin est persévérante. On a envie de la voir aller de l’avant. Mention spéciale à ses parents, investis et empathiques. Je vous parlais des parents la semaine dernière ! Voilà encore des parents qui soutiennent leur fille à 300 %. Hélas, j’ai trouvé que la série manquait un peu de punch. On est sur un manga sportif. J’aurais voulu plus d’adrénaline, plus de PAAA ! Plus d’explosivité, voilààààà !
Séries sportives explosives
On voit beaucoup ça dans les séries sportives avec des hommes n’est-ce pas ? Je suis toujours en train de suivre Hajime no Ippo, par exemple. Chez les gars, on est habitué à voir cette explosivité. Prenez Haikyuu, par exemple, super série sur le volley. Cette tension dans les matchs, cette frénésie, ce dynamisme, même dans les entraînements ; on vibre avec eux et c’est cool. On ressent aussi ça dans Deep 3. Et Slam Dunk bien sûr ! Et Captain Tsubasa biiien sur !
Côté manga sportifs féminins, on retrouve, dans Chihayafuru, cette tension. Et on transpire ! Mais je ne vois pas d’autres références. Bien sûr, je n’oublie pas Jeanne et Serge/ Attacker You !, Jeu set et match/ Ace o nerae !, oui, oui… mais je trouve qu’on n’insiste pas assez sur l’explosivité, l’intensité du jeu, les entraînements des sportives, leur développement musculaire, leurs prouesses, le sport dans toutes ces facettes, quoi. C’est un peu comme si le côté « sport » était un peu moins mis en valeur dans certains shôjo sportifs. C’est dommage, car Rin, de Running girl, par exemple, elle a tout ça en elle : combativité, explosivité, dynamisme, endurance ! J’aurais bien aimé que la série continue sur quelques tomes (la série est finie en 3 tomes). Bien entendu, je ne parle ici que des rares shôjo manganime sportifs que j’ai pu voir. Vous avez peut-être d’autres références.
Bon démarrage
Et Fends le vent!, alors ? Le premier tome commence bien. Shôta est sympathique. On sent qu’il veut aller de l’avant, mais qu’il se bloque. Il se croit bloqué par sa prothèse et n’ose imaginer qu’il peut quand même continuer de rêver. Ce premier tome nous parle aussi d’amitié, et lève légèrement le voile sur la vie de Shôta, avant l’accident. Qui étaient ses amis ? Que s’est-il passé ?
Peu de réponses, pour l’instant. Le tome 1 est une sorte de nouveau départ, pour Shôta. Car la course pour un nouvel avenir commence maintenant. Une rencontre changera radicalement la vie de notre héros. Une rencontre qui amènera espoirs et craintes, frustration et espoir, endurance et persévérance.
Les infos en plus
Crédit image : © MIDORI Wataru / Shôgakukan
Retrouvez Fends le vent ! chez Akata
Générique du podcast : Hands of the wind, de Manuel DELSOL