Confession glaçante au coin du tatami à la batte. Bon appétit.

Précédemment dans Manga Tourniquet.

Au sommaire de ce 2e Manga Tourniquet, une confession sanglante et des complots dans la neige, une vie nouvelle sur les tatamis ou une batte à la main pour tracer sa voie vers la lumière, on l’espère.

Confession – one shot

Confession est un one shot scénarisé par FUKUMOTO Nobuyuki (Kaiji, Akagi) et dessiné par KAWAGUCHI Kaiji (Zipang, Spirit of the sun…). Sorti en 1997 chez la Kôdansha, Confession (告白~コンフェッション kokuhaku = confession) est la première collaboration entre les deux auteurs. Ils se retrouveront pour créer Seizon Life, sorti en 2000 au Japon). En France, Confession est sorti mi-septembre, chez Panini. Seizon Life est paru une première fois en 2005 (en 3 tomes), avant d’être réédité en 2023 (en 2 tomes)

La fin de l’histoire

L’histoire commence avec des airs de fin. Ishikura s’est gravement blessé. Son ami Asai a beau l’encourager, Ishikura sent ses forces s’évanouir dans la neige du mont Owari (fin, en japonais). Les deux amis de fac sont pourtant des alpinistes aguerris. Ils fréquentaient le même club de randonnée, à la fac. Ce mont Owari, ils le connaissent par cœur. Mais alors que l’épais brouillard les empêche de voir à un mètre, la montagne leur semble soudain hostile. Le refuge qu’ils cherchent depuis des heures est introuvable.

Pour Ishikura, qui perd de plus en plus de sang, c’est l’heure de la confession. Il ne raconte pas toute sa vie, qui, de son propre aveu, n’a rien de véritablement intéressant. Et puis, il n’a pas le temps : la mort l’attend. Mais avant de se donner au tombeau enneigé, il veut alléger sa conscience.

Il y a 5 ans, Ishikura a commis un meurtre, un jour de randonnée en montagne, il y a 5 ans. Ishikura a étranglé Sayuri, leur amie de fac. La neige, complice malgré elle, a dissimulé le corps pendant 6 mois. L’enquête a vite conclu à un accident. Mais Ishikura prétend ne plus pouvoir garder ce secret. Asai pourra faire ce qu’il veut de sa confession, Ishikura sera pénard dans la mort. Enfin, pénard, c’est lui qui le dit… De toute façon, la mort ne sera pas pour tout de suite. Alors qu’il vient de se confesser, le brouillard se dissipe… Les deux amis se trouvaient juste devant le refuse de montagne qu’ils désespéraient de retrouver.

Asai se réjouit. Adieu la mort ! Bonjour la vie ! Mais Ishikura a la réjouissance modeste, et Asai le remarque très vite. Car tout a changé. Asai a appelé les secours. Ils arriveront bientôt. Mais les nuits d’attente seront longues…

Scènes criminelles

Confession est de ces histoires qui mettent mal à l’aise. FUKUMOTO livre un scénario haletant, porté par les dessins de KAWAGUCHI. Dommage, certaines expressions du visage (surtout dans la deuxième partie) sont un peu trop surjouées. Mais rien de grave, rien qui n’empêche la lecture.

La première grande partie du one-shot nous plonge dans les pensées d’Asai, qui changent suite à la confession d’Ishikura. Le soulagement cède vite la place aux tourments. Dehors, c’est la tempête. Dans le refuge, c’est pire. Ishikura pourrait-il tuer Asai pour garder son secret ?

La lecture de ce manga est glaçante. Certaines scènes font froid dans le dos. La noirceur du cœur des hommes apparait. Un nom reste comme suspendu dans l’obscurité : Sayuri. Ce nom oublié est pourtant central. Mais toute l’histoire se concentre sur les deux hommes. Est-ce pour souligner la cruauté humaine que les auteurs ont délibérément choisi de ne montrer Sayuri qu’à travers les pensées de son bourreau ? Ishikura a commis un féminicide, mais ne regrette rien. Asai pense qu’Ishikura veut le tuer pour garder son secret. En serait-il capable ?

Alors que les questions plongent Asai dans l’angoisse, l’angoisse de Sayuri est complètement occultée. On a ici le récit froid d’un homme qui a assassiné une femme, et qui pourrait bien recommencer, et même, tuer quiconque l’empêche de vivre comme il l’entend…

Hajime – tome 1

Dessiné par Topher (Tinta Run, Wind Fighters et Eightfull) et scénarisé par Tiers (Nako), Hajime (3 tomes prévus, Pika)raconte les débuts de Teddy Riner, le judoka star. Mais dans le manga, il est encore un adolescent qui rêve d’ascension. Teddy a 16 ans et vient d’intégrer le Pôle espoir de Rouen. C’est le début d’une aventure sportive et d’une aventure de vie. Teddy est très enthousiaste. Mais très vite, il comprend que le parcours sera difficile. Tant mieux : l’adolescent est là pour apprendre, et compte bien prendre son envol.

Hajime (commencez !) est fait avec passion, et ça se voit. Le titre coche toutes les cases du shônen sportif. On oublie très vite qu’il s’agit de l’histoire de Teddy Riner « la star du judo ». Topher et Tiers ont réussi à faire oublier la légende pour laisser parler le jeune le héros. Beaucoup pourront se reconnaître dans le parcours de Teddy, qu’ils fassent du sport ou non. Le courage, l’enthousiasme, le dépassement de soi sont des thèmes transposables dans bien des domaines.

Mais si Hajime coche toutes les cases du manga shônen classique, certains personnages secondaires semblent un peu trop caricaturaux (un, en particulier, qui fait office de méchant de service). La lecture reste néanmoins agréable, et se bonifie à mesure que l’on avance dans le tome. Les scènes sont bien amenées, comme ces moments entre amis ou en famille.

Le style de Topher colle parfaitement au manga : dessin dynamique, précis, aéré, découpage clair. On comprend les scènes de combat. Le scénario est tout aussi efficace, excepté quelques lourdeurs dans certaines répliques au début du manga. La suite du scénario est fluide, avec des scènes drôles, de petits moments émouvants, une bienveillance qui se dégage… Tiers et Topher se sont bien trouvés.

Ace of Diamond tome 1 (tome double)

Encore une sortie de mi-septembre, signée, cette fois, Mangetsu. Ace of Diamond (ダイヤの Ace /Daiya no Ace, 2006, Kôdansha) raconte la nouvelle vie de SAWAMURA Eijun. L’adolescent, roi du lancer dans son établissement, est repéré par le prestigieux établissement tokyoïte Seidou. Mais pas question pour Eijun de quitter ses amis du collège. Son équipe vient de perdre son dernier match, seul moyen pour elle de participer aux championnats nationaux. Eijun, brave capitaine, s’est promis de réaliser le rêve de l’équipe l’année suivante… Encore faudrait-il qu’ils se retrouvent tous dans le même établissement !

Hélas, si Eijun s’illustre au base-ball, il ne brille pas dans les autres matières. Ses amis, c’est le contraire : nuls au base-ball, forts ailleurs. Poussé par sa famille et ses camarades, Eijun finit par embarquer pour Tokyo… Au fond, il brûlait d’envie d’apprendre auprès de joueurs talentueux.

Nouvelles scènes, nouvelles rencontres

Au Japon, Ace of Diamond est fini en 47 tomes. Mangetsu sort le manga en tomes doubles : 12,90 le tome. Un prix très honnête pour faire découvrir la série au plus grand nombre tout en limitant les éventuelles pertes. Car contrairement au Japon, où le base-ball s’érige en sport national, en France, la discipline reste trop peu connue.

Le manga alterne entre quelques scènes touchantes, et surtout beaucoup d’humour. Pas de grand match pour ce démarrage. Eijun prend ses marques dans sa nouvelle équipe et se fait vite remarquer.

En revanche, les filles ne brillent pas par leur présence… Mieux vaut ne pas en avoir dans son manga que de servir des personnages féminins aussi peu intéressants. C’est hélas le drame de nombre de shônen manga, encore aujourd’hui. L’équation est pourtant simple : si l’on peut développer ses personnages masculins avec minutie et respect, on peut faire la même chose pour les personnages féminins.

Ace of Diamond nous présente TAKASHIMA Rei, recruteuse de talents pour le prestigieux lycée tokyoïte, que le héros identifie vite par la taille de la poitrine… Son seul talent (hormis sa beauté physique) est son intuition pour recruter des talents… Les managers de l’équipe de base-ball sont des filles, dont une excelle en maladresse. Cette habitude de flanquer des personnages féminins pour donner des bouteilles d’eau et ramasser les balles fait mal aux yeux et au coeur. C’est le gros bémol du manga. Sans ça (sans les personnages féminins, donc !) la série est sympa à suivre. Mais qui sait ? Peut-être que la suite du titre présentera des persos féminins développés et bien construits. Affaire à suivre…

Les infos en plus

Confession, chez Panini

Hajime, tome 1, chez Pika

Ace of Diamond, tome 1

Générique du podcast : ⁠Hands of the wind, de Manuel DELSOL⁠

Effets sonores : ⁠ZapSlast.com

Crédits images

Confession © KAWAGUCHI Kaiji ; FUKUMOTO Nobuyuki/ Kôdansha

Hajime © TOPHER ; TIERS / Pika

Ace of Diamond © TERAJIMA Yûji / Kôdansha

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