Précédemment dans The Blue Flowers and The Ceramic Forest

Pour rappel, le josei manga The Blue Flower and the Ceramic Forest nous plonge dans le monde chatoyant de la céramique. Aoko est peintre sur porcelaine. Tatsuki débarque dans son atelier et prône le 100 % blanc de blanc. L’homme n’est cependant pas là pour faire la révolution. Il veut retrouver sa motivation avant de retourner en Finlande, là où il exerçait auparavant. Mais au contact des autres membres de l’atelier, Tatsuki prend de jolies couleurs, et en redemande. Il change sous les yeux d’une Aoko enchantée. Car la jeune trentenaire apprécie beaucoup le travail de Tatsuki. L’admiration est réciproque. Si Tatsuki s’est mis à voir le monde en couleurs, c’est justement grâce à Aoko…

Les deux artistes affinent leur art et collaborent, sous les yeux attentifs de leurs collègues de travail. L’atelier est un monde, les collègues deviennent presque des membres de la famille. Les liens se resserrent un peu plus entre Aoko et Tatsuki… Après quelques péripéties et traumatismes évacués, ils osent faire un nouveau pas l’un vers l’autre…


L’art et la manière

Dans le tome 5, on avait suivi le rendez-vous de travail d’Aoko et Tatsuki. L’homme ne connaît pas encore bien la région et a besoin d’inspiration. Une sortie au musée s’impose. Bien entendu, avec Aoko en guise de guide. Mais le rendez-vous technique se transforme en rendez-vous tout court… Comment : un rencard ? Aoko balaie vite cette idée. L’amour est périmé. Mais le temps, lui, file d’hésitations en rejets. La fin du tome 5 est d’un naturel et d’un charme désarmants.

Le tome 6 continue sur cette lancée. KODAMA Yuki, la mangaka, a l’art et la manière de nous montrer l’évolution d’Aoko et Tatsuki. Une évolution si naturelle qu’il nous faut parfois revenir en arrière pour apprécier la fluidité des scènes. Tout coule de source, tout est « comme dans la vraie vie ». D’ailleurs, c’est la vraie vie là-bas, à Hasami. Avec le tome 6, le josei manga fait un nouveau sans fautes.


Thé bavard

Et justement, ce tome 6 me fait penser à quelque chose qui vous est sûrement déjà arrivé. Cette scène, là. Oui, vous vous souvenez bien.

L’autre jour, avec ces gens. Ce n’était pas prévu. Vous sortez du bureau, de la fac, du lycée, avec un collègue, un camarade scolaire, quand votre collègue ou votre camarade tombe sur une ancienne connaissance. Ni d’une ni de deux, vous voici projeté dans le premier café du coin. Quitte à discuter, autant le faire dans la chaleur feutrée du café, la gorge remplie de thé automnal.

Mais qui paie ? On devrait en effet vous payer pour votre prestation. Car vous ne faites rien. Un vrai poteau. Une pierre qui boit de l’eau.

Les autres vous ignorent (le remarquent-ils?) et ricanent dans leurs souvenirs communs. C’était la belle époque… La belle époque sans vous. Vous êtes exclu et ne savez où vous terrer. Vous souriez (un peu) sottement entre deux hectolitres de thé. Votre vessie est pleine.

Thé sympa

Que faire dans cette situation ?

Normalement, lorsqu’un 3e larron se ramène dans le groupe, celle ou celui qui le connaissent s’assure que les sujets de conversation seront connus par tous les membres du groupe. Lorsque des sujets « privés » surgissent, on rappelle le contexte pour les autres. C’est à « l’hôte », qui connaît tout le monde, de s’assurer que personne n’est exclu.

Malheureusement, cela n’est pas toujours fait, surtout quand il/elle tombe sur une vieille connaissance, ou sur quelqu’un qu’il/elle n’a pas vu depuis longtemps. Les souvenirs surgissent bruyamment en bises sonores et accolades impressionnantes. Il faut alors très vite se ressaisir pour faire les présentations, pour faire votre présentation. Car vous n’êtes ni un bois ni une brique.

En vous intégrant, votre ami.e vous permet d’entrer dans le cercle. Mais en vous ignorant, il/elle vous empêche d’entrer dans le cercle. D’autres sentiments, négatifs, risquent d’entrer en vous : la jalousie, l’aigreur, le cynisme Pourquoi personne ne vous parle ? Comment peuvent-ils ricaner ils sans vous ? Pourquoi restez-vous ici, à vous engloutir dans le thé ?

Oser élargir le cercle

Si vous voyez que votre camarade vous a oublié dans son déluge de souvenirs avec son ami retrouvé, représentez-vous vous-même. Allez briser l’igloo dans lequel ils/elles se sont planqués. Posez quelques questions. N’hésitez pas à le dire : vous n’étiez pas là, vous ne pouvez pas suivre la conversation. Bien entendu, adoptez le ton de l’humour. Soyez décontracté. Ne vous grippez pas dès les premières minutes. Ne soyez pas lourd. Les retrouvailles sont une bulle difficile à percer. Laissez la joie faire son effet, et sautez dans la bulle.

En général, cela suffit à remettre les pendules à l’heure. Les sujets de conversation glissent vers des choses que vous pouvez commenter. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez continuer de vous inonder de thé… ou partir. Personne ne vous le reprochera, tant que vous le faites avec l’art et la manière. Pas la peine de faire un esclandre : « je m’en vais, car je vois que je dérange ! » Restez léger, enjoué, sympa quoi. « Non, je vous laisse, vous avez beaucoup de choses à vous dire… Oui, une prochaine fois tous ensemble, ça serait super ! »

Si vous recherchez un manga tranche de vie sympathique et bienveillant, achetez The Blue Flowers and The Ceramic Forest. Je sais qu’en ces temps où les pistoles se battent en duel dans notre porte-monnaie vide, on fait 10 fois ses comptes avant de se lancer dans une série. Pour The Blue Flowers and The Ceramic Forest , vous pouvez y aller les yeux fermés. C’est excellent.

Les infos en plus

The Blue Flowers and The Ceramic Forest : éditions MANGETSU

Générique du podcast : Hands of the wind, de Manuel DELSOL


Effets sonores : Zapsplat.com⁠ ; Tunetank.com

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