Précédemment dans Une histoire, un manga.

La passion au bout des doigts

C’est par le manga que YASUHIKO Yoshikazu découvre l’art. Il est né en 1947 dans une région rurale de la préfecture de Hokkaido, région située tout au nord du Japon. Ses parents, agriculteurs, imaginent que Yoshikazu assurera naturellement la relève de l’exploitation familiale. Mais le garçon est déjà passionné par le manga. Une passion difficile à vivre au quotidien. Difficile en effet de s’informer ou d’acheter des mangas dans cette région rurale. Dans une interview accordée à Ollie Barder pour le magazine Forbes, l’artiste explique que sa famille était pauvre. Heureusement, il pouvait compter sur l’aide de sympathiques camarades.

Yasuhiko Yoshikazu entre en primaire, puis au collège, sa passion pour le manga au bout des doigts. C’est sûr, il sera mangaka. Mais lorsqu’il arrive au lycée, il estime qu’il n’a pas le talent nécessaire pour réaliser son rêve, et abandonne sa passion. Il se dirige vers l’enseignement, s’inscrit à la fac, découvre les jeunesses du parti communiste. Mais le jeune homme (il a la vingtaine) n’obtient pas son diplôme, et quitte l’université. Il décide de déménager à Tokyo, sans autre plan en tête. Nous sommes alors en 1970. Tokyo est en fête. Tokyo, dans les années 70, symbolise l’extraordinaire relèvement économique du Japon.

L’auteur aux mille casquettes

Yasuhiko Yoshikazu tombe sur une petite annonce pour un poste d’animateur, annonce provenant du studio d’animation Mushi Production, le studio d’Osamu Tezuka. Yasuhiko Yoshikazu connaît bien entendu le célèbre mangaka, mais n’a pas accepté le poste pour cette raison. C’est une pure coïncidence. La paie est maigre, mais le jeune homme s’accroche. Hélas, 3 ans plus tard, Mushi Production fait faillite. Yasuhiko Yoshikazu décide de rester dans l’animation, en tant qu’indépendant.

1979. 10 ans après s’être mis à son compte, il devient directeur de l’animation et character-designer sur la désormais célèbre série Mobile Suit Gundam. La même année, les éditions Tokuma Shoten, qui publient notamment des magazines d’animation, se rapprochent de l’artiste… Humble, Yasuhiko Yoshikazu se met à penser qu’il pourrait devenir mangaka. Enfin, il se lance dans le manga et publie Arion. En 1986, il sort le manga Venus Wars et réalise l’anime de Arion. Il marque d’ailleurs l’animation grâce à son travail sur les Gundam. Retour au manga en 1995, avec la sortie de Jeanne, qui revisite l’histoire de Jeanne d’Arc. Deux ans plus tard, en 1997, l’artiste sort un nouveau manga : Jésus.

Les mangas de Yasuhiko Yoshikazu sont disponibles en France. Vous pouvez retrouver Arion, Venus Wars et Jésus chez NaBan. L’éditeur sortira également Jeanne au printemps 2025. Chez Vega-Dupuis, vous pourrez retrouver Mobile Suit Gundam – The Origin et Mobile Suit Gundam Unicorn.

Qui est Jésus ?

C’est en dessinant Jeanne que Yasuhiko Yoshikazu a l’idée d’adapter l’histoire de Jésus en manga. Il trouve des similitudes entre le destin de Jeanne d’Arc et celui de Jésus. Dans la postface du manga Jésus, l’auteur explique que son père était chrétien, mais que lui-même n’a jamais ouvert de Bible dans son enfance, bien que l’ouvrage soit à portée de main. C’est bien Jeanne qui lui a donné envie de se plonger dans les Evangiles, surtout ceux de Marc et de Jean.

La question de Yasuhiko Yoshikazu est celle-ci : qui est Jésus ? L’auteur ne prétend pas répondre à cette question, mais cherche à mieux appréhender le personnage biblique. Sur la quatrième de couverture, on peut lire que son manga est « respectueux des textes et des travaux historiques ». Plusieurs passages de la Bible sont effectivement cités, références à l’appui.

Pour ma part, j’ai découvert cette œuvre avec cette question : comment Yasuhiko Yoshikazu allait-il retracer l’histoire de Jésus ? J’ai lu le manga en gardant en tête l’histoire d’origine, racontée dans la Bible. Je suis chrétienne et c’est la première fois que je lis un manga sur Jésus. J’obtiens une partie de ma réponse en lisant la 4e de couverture : Yasuhiko Yoshikazu nous propose « sa vision » de Jésus. Ces deux mots sont d’une importance capitale.

Couleurs solaires

Tout d’abord, j’ai été frappée par le charme et la puissance des dessins. C’était la première fois que je lisais un manga de l’auteur, et j’ai tout de suite été saisie par l’ambiance. Le grand format et la bonne prise en main font honneur à la beauté des planches. Les teintes sont tantôt orangées, presque rouge, et expriment la douleur. Parfois, ce sont les teintes bleutées qui dominent, alors que des hommes, se croyant à l’abri des regards, complotent dans la nuit…

Quand Josué raconte Jésus

Hélas, sur le fond, il est parfois difficile de suivre l’histoire. Difficulté peut-être plus forte quand, justement, on connaît bien l’histoire, ou si l’on s’attendait à une histoire sur Jésus. Car bien que le manga se nomme « Jésus », il s’agit bien plus du point de vue de Josué, personnage inventé par l’auteur (inspiré de l’apôtre Jean) sur Jésus. L’histoire est plutôt « la vision de Josué sur Jésus ».

Josué a tout du héros ordinaire ; on peut facilement s’identifier à lui. Le héros serait donc là pour faciliter l’entrée dans l’histoire. On perçoit vite qu’il permet aussi à l’auteur de donner son point de vue sur ce Jésus dont parle la Bible. Un point de vue qui diffère de celui des Evangiles, qui, contrairement à ce que laisse entendre le manga, s’accordent tous.

Josué

Dans le manga, Josué est un jeune charpentier envoyé en mission par Barabbas pour espionner Jésus. Dans la Bible, Barabbas est un prisonnier qui sera condamné pour meurtre et pour émeute, avant d’être libéré à la place de Jésus. Dans le manga, Barabbas envoie donc Josué en mission. Mais ce dernier se laisse rapidement toucher par le message de Christ et se met à le suivre réellement. Il ne s’entend pas vraiment avec les autres disciples, dont Pierre, qui, selon Josué, voulait être le meilleur. Il s’agit ici d’une supposition de l’auteur.

Dans le manga, les disciples sont d’ailleurs peu présents, sauf lorsqu’ils se disputent. Leur portrait est peu reluisant. Certains de leurs propos sont réattribués à Josué. Par exemple, lorsque le personnage répond à la question de Jésus en disant « tu es le Messie », c’est en fait Pierre, qui, dans la version originale, a cette révélation de Dieu. Josué, personnage inventé, puise sa source dans une personne réelle. Yasuhiko Yoshikazu en parle dans sa postface : il s’agit de « celui que Jésus aimait ». L’expression, qui figure dans l’évangile de Jean, se rapporte en fait à Jean lui-même. Le nom des 12 apôtres est le même dans tous les Evangiles. Ils sont bien 12, choisis par Jésus.

L’espion qui admirait Jésus

Plus il suit Jésus, plus Josué est touché par son message. Mais plus il semble touché, plus il devient conscient du danger qui plane sur son maître. D’observateur, Josué passe vite à observateur actif, à acteur, et même, à penseur éclairé…

Exemple avec le miracle des pains. Les Evangiles de Marc et de Jean, sur lesquelles s’appuie l’auteur, racontent qu’après avoir prêché toute la journée à la foule, Jésus les nourrit. Le jour décline. Jésus a pitié de cette foule restée plusieurs heures sans manger (Marc chapitre 8). Il demande donc à ses disciples ce qu’ils ont. Jean chapitre 6 précise qu’un jeune garçon dans la foule a 5 pains et 2 poissons. Jésus invite la foule à s’asseoir par terre, prend les pains et les poissons, remercie Dieu, les partage, et les donne à ses disciples pour qu’ils les distribuent. Tout le monde a assez à manger, et l’on ramasse même plusieurs corbeilles de restes. Pas de gaspillage !

Dans le manga, l’auteur imagine un complot pour faire croire au miracle : Judas s’y révèle déjà conspirateur, et veut mêler Josué à sa combine, en l’envoyant acheter des vivres pour les gens. Jésus, ici, reste quasi silencieux ; il dit juste à un disciple « donne-leur ». Il se montre assez passif, fragile, lointain. Cette image se renforcera plus tard, alors que Jésus enseigne la foule.

La famille de Jésus

Le manga montre que Jacques, un frère de Jésus, intervient soudainement pour voir son frère. Son cri est relayé par d’autres. On fait savoir à Jésus que sa mère et ses frères et sœurs l’attendent dehors. Jésus répond : « qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? … voici ma mère et mes frères, car celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, ou une mère. »

Ses propos choquent. Les gens de l’époque aussi devaient l’être, car les liens familiaux étaient très importants en ce temps-là. La représentation du manga accentue le trait en faisant parler Jacques avec émotion : comment Jésus ose-t-il parler ainsi, alors qu’il a abandonné sa famille ? Imperturbable, Jésus reprend son discours et choque une nouvelle fois l’auditoire en disant une phrase qui fait aujourd’hui partie des expressions connues « aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays » (Luc 4.24).

C’en est trop pour l’auditoire, qui veut s’emparer de Jésus. Les disciples crient « protégez le rabbi » (Rabbi veut dire « maitre » « professeur » du temps de Jésus, c’était un titre honorifique que les Juifs donnaient à leurs enseignants). Josué court protéger son maître. La mère de Jésus s’interpose également et supplie la foule « mon fils n’a rien fait de mal ! Laissez-le tranquille ! Il est seulement fatigué par son voyage ! »

Confusion

Ces paroles, inventées par l’auteur, traduisent bien ce qu’il pense de Jésus. On voit de plus en plus se dessiner l’image d’un Jésus 100 % homme, qui veut bien faire, mais qui ne sait pas vraiment ce qu’il fait. Les citations de la Bible dans le manga créent une confusion supplémentaire. Dans Marc (et dans les autres évangiles), ni Jacques ni sa mère n’interviennent. Mais on fait effectivement signe à Jésus que sa mère, ses frères et sœurs le demandent.

A l’époque, les frères et sœurs de Jésus ne croient pas en lui. Jésus le sait, mais les aime quand même. Marie, sa mère sait, depuis le début, que son fils est le Fils de Dieu. Elle a déjà vu Jésus à l’œuvre, lorsqu’il transforma l’eau en vin à l’occasion d’une fête de mariage (noces de Cana, cité dans Jean). Elle n’aurait donc pas pu parler comme dans le manga. Et Jésus n’a bien sûr pas abandonné sa famille.

La phrase de Jésus « qui est ma mère, qui sont mes frères… » n’est pas à prendre au sens « abandonner votre famille pour me suivre », car toute la Bible nous parle d’amour, et en l’occurrence, de l’amour envers notre famille. Jésus invite ici ceux qui font la volonté de son Père, de Dieu, à se considérer comme frères et sœurs. C’est un message d’amour qu’il prêche. Mais ce message d’amour n’apparaît pas dans le manga.

Le Jésus du manga

C’est pourtant l’élément central de la prédication de Jésus, mais il n’apparaît pas dans le manga : l’amour. Ici, il n’est pas question de croire ou de ne pas croire en Dieu, mais plutôt, comme l’auteur du manga, de s’appuyer sur les textes bibliques. Et que disent-ils ? Marc et Jean, tout comme les autres textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, parlent de l’amour de Dieu pour l’humanité, l’amour de Jésus pour l’humanité. Le célèbre verset Jean 3.16 est souvent repris comme « verset clé » de la Bible :

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. »

On l’a dit : le Jésus du manga est celui de Yasuhiko Yoshikazu. Le mangaka insiste bien plus sur l’aspect politique. Effectivement, les temps sont durs. Les Juifs vivent sous occupation romaine et attendent désespérément la venue du Messie promis par les textes de l’Ancien Testament. Les pharisiens (membres du parti religieux juif le plus strictement attaché à l’observance de la Loi et des règlements que la tradition juive y avait ajoutés. Leur attachement à Dieu était souvent formaliste. Jésus a dénoncé l’hypocrisie de certains d’entre eux…).

Les pharisiens font figure d’autorité et n’auront de cesse de s’opposer à Jésus. La tension est palpable. Les Juifs veulent voir en Jésus leur sauveur. Mais un sauveur militaire, qui leur rendrait la liberté par la force. Le message de paix et d’amour de Jésus les déconcerte. Sa posture, à des années-lumière du héros fort qu’ils imaginent, provoque l’incrédulité, la méfiance, voire, la colère.

A quoi ressemblait Jésus ?

Le livre d’Esaïe 53 écrit que Jésus « n’avait ni prestance ni beauté pour retenir notre attention ni rien dans son aspect qui pût nous attirer. Il était méprisé, abandonné des hommes, un homme de douleur habitué à la souffrance. Oui, il était semblable à ceux devant lesquels on détourne les yeux. […] »

Or, on aime représenter Jésus en beau gosse. Mince, grand, cheveux longs… C’est aussi ce modèle mondialement connu que choisit Yasuhiko Yoshikazu. Ce modèle doit sa source au linceul de Turin qui aurait enveloppé le corps du Christ… mais d’après une étude des années 80, le linceul daterait du Moyen Age. Une contre-expertise confirmera néanmoins qu’il date bien de l’époque de Jésus… Mais ce drap a-t-il réellement enveloppé le corps du Christ ?

En 2016, des chercheurs britanniques créent une reconstitution 3D de ce qu’aurait pu être le visage de Christ… La présentation scandalise. Impossible pour de nombreuses personnes que « cet homme » aux cheveux courts et aux traits lourds soit Jésus.

L’histoire ne connaîtra sans doute jamais de point final. Pour se concentrer sur l’essentiel, le message de Christ, pourquoi ne pas reprendre ce que dit la Bible en Esaïe 53 ? Voilà une description qui devrait contenter tout le monde.

Un Jésus manga « hors sol » ?

Les passages tirés de la Bible semblent « hors sol ». Jésus lui-même semble perché quelque part… Josué, qui l’observe, est lui bien ancré sur terre, et pose sur Jésus, le maître, un regard tendre, sympathique, indulgent. Cependant, pour Josué, Jésus n’a pas réalisé tous les miracles qu’il dit avoir réalisés, et ne sait pas vraiment qui il est… Ces paroles, dites avec beaucoup de douceur, cachent en fait un orgueil tout humain. Josué juge celui qu’il prétend suivre, mais le suit quand même. Son attitude se rapproche de cette théorie selon laquelle l’homme aurait créé les religions.

Finalement, le Jésus de Yasuhiko Yoshikazu est à l’image de ce que les hommes veulent imaginer, pour mieux l’accepter : un homme exclusivement humain, avec ces failles, ses pulsions charnelles. Ce Jésus est lointain, rêveur, distant… on tombe ici dans le piège de l’analyse faite par la sagesse humaine, qui se croit toute puissante et ignore sa propre ignorance. Si beaucoup ont tant de mal à croire en Jésus, c’est parce que les vérités bibliques heurtent la compréhension.

Dieu a doté l’humain de raison ; il est libre de croire ou de ne pas croire. Lorsqu’il place son intelligence au-dessus de tout, il prend le risque de s’enfermer dans ses propres limites. La Bible s’explique elle-même, mais on ne veut pas chercher dedans. Les textes bibliques ont été écrits par des hommes inspirés de l’Esprit de Dieu, donc de Dieu lui-même, mais on préfère d’autres récits, écrits par des hommes avec leur intelligence humaine, bien plus en harmonie avec la réflexion humaine.

Parfaitement homme, parfaitement Dieu

Mais Jésus n’est pas comme nous. Il est parfaitement homme : il n’a jamais commis de faute, de péché. Il est aussi parfaitement Dieu. Ses pensées ne sont pas les nôtres. Une éternité nous sépare. Et pourtant, Dieu lui-même a franchi cette éternité pour aller vers nous. Il est très proche de nous ; on le voit dans les récits bibliques, notamment ceux sur lesquels se base le mangaka. Pourtant, là encore, cette proximité de Jésus avec les hommes n’apparaît pas vraiment. Tout au plus le voit-on toucher les hommes et se laisser toucher par eux, mais la proximité réelle de Jésus est bien plus grande.

Même constat pour son dynamisme. Jésus est toujours en mouvement. Il parle, corrige, reprend, éduque, console, fortifie. Lorsqu’il arrive à Jérusalem et qu’il entre dans le temple de Dieu, c’est lui qui chasse les marchands qui font leur commerce. Il renverse les tables, les sièges ; mais dans le manga, Jésus reste en retrait, ce sont ses disciples qui s’emportent contre les marchands.

Jésus ressuscité

La confusion ira croissant jusqu’à la fin du récit, où le mangaka décide de livrer sa vérité sur la résurrection du Christ : selon lui, la résurrection n’aurait pas eu lieu. Dans le manga, Josué et des disciples enlèvent le corps de Jésus, et c’est Josué qui, se faisant passer pour un ange, dira « Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n’est point ici; voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée: c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. » Ces propos figurent bien dans Marc 16.6-7, mais ne sont bien sûr pas attribués à Josué, qui, rappelons-le, n’existe pas. C’est un ange qui s’adresse aux femmes disciples de Jésus.

La vérité dont parle la Bible est celle-ci : Christ est ressuscité. Il serait donc erroné de croire que la foi chrétienne repose sur un seul passage biblique, comme le suggère le mangaka. C’est plutôt toute la Bible qui parle de Jésus, depuis Genèse chapitre 1.

Un manga éloigné de la réalité biblique

Yasuhiko Yoshikazu a ici repris la principale théorie contestant la résurrection de Christ : ses disciples auraient enlevé le corps pour faire croire à sa résurrection. La Bible elle-même prévient qu’il y aurait cette contestation. S’il reprend certains textes bibliques, c’est bien pour définir sa version de Jésus, et non pour coller à la réalité biblique et historique ; c’est donc en gardant bien cela en tête qu’il convient de lire le manga, au risque de penser qu’il serait en accord avec la réalité.

Quant à Marie de Magdala, elle n’a jamais entretenu d’autre relation avec Christ que celle de disciple, à l’instar des autres femmes et hommes qui le suivaient. Il faut d’ailleurs souligner ce fait rare pour l’époque : des femmes, indépendantes, suivaient Jésus. Autre point à souligner : Jésus n’est pas le disciple de Jean-Baptiste, même s’il a été baptisé par ce dernier ; il l’a été uniquement pour respecter la Parole de Dieu.

Croire ou ne pas croire

Qui est Jésus ? Cette question, légitime, est celle que se posent nombre de personnes, du temps de Jésus. Jésus, bien sûr, sait qui il est. Lorsqu’il interroge ses disciples, ce n’est pas pour avoir des réponses sur ce qu’il connaît déjà, mais pour faire sortir ce qu’il lit dans leurs cœurs. Même logique pour la suite des évènements ; Jésus n’est surpris par rien puisqu’il sait déjà pourquoi il est sur terre et quelles souffrances il subira. C’est de lui-même qu’il s’avance vers la mort.

C’est peut-être le point le plus difficilement compréhensible pour les hommes. Jésus nous demande de croire en lui, mais nous nous écharpons pour examiner son ADN. Jésus nous dit qui il est : le Fils de Dieu, Dieu lui-même, et nous crions à la manigance. Parce qu’effectivement, ces vérités nous échappent ; difficile de comprendre qu’une même personne puisse être à la fois Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. C’est lorsque la sagesse humaine veut comprendre avec ses postulats qu’elle s’embrouille et se perd et livre sa version de Jésus au lieu de recevoir ce que Jésus a à lui offrir… Et pourtant, Jésus est justement venu pour sauver l’humanité.

Alors, qui est Jésus ?

Dieu fait homme : Jésus

Jésus est le fils Marie et Joseph. Marie une jeune fille qui se rend tout de suite disponible pour Dieu, sans discuter. Elle reçoit la parole de l’ange, qui lui dit « réjouis-toi ». Elle est très troublée par cette parole. Mais n’est pas troublée par ce qui va se passer, car elle connaît le Seigneur et savait que le Messie allait revenir. Marie est simplement troublée par la salutation « réjouis-toi ». Pourquoi se réjouir ? Mais Marie accepte avec simplicité la volonté de Dieu.

La Bible ne nous le dit pas, mais on peut s’imaginer que Marie devait être pleine de rêves et ne s’attendait certainement pas à pareil destin. Comment allait-elle annoncer la nouvelle à Joseph, à sa famille ? Marie aurait pu dire « non, c’est trop lourd pour moi », et on aurait compris qu’elle refuse. Elle est fiancée à Joseph, un charpentier. Dans la tradition juive, cela signifie qu’elle est mariée, mais ne vit pas encore chez son époux : ils n’ont pas eu de relations conjugales. Selon la tradition juive, cela devait être ainsi environ 1 an, 1 an et demi.

Marie et Joseph

Marie risque la lapidation en étant enceinte sans être mariée, et en étant enceinte, mais pas de Joseph. Pourtant, elle répond avec confiance à la Parole de Dieu. S’il faut respecter le courage de Marie, il ne faut donc pas l’adorer, car elle-même adorait Dieu. Marie est une humaine comme les autres, qui a obéi à Dieu. On peut la prendre en exemple, mais c’est bien Dieu, et Dieu seul, qu’il convient d’adorer.

Joseph aussi va répondre avec simplicité à l’appel de Dieu. Lorsque l’ange lui parle, il obéit. Joseph est un homme droit, intègre et juste, qui craint Dieu. On peut dire que Dieu ne le choisit pas par hasard pour être le père adoptif de Jésus. Pour protéger Marie, Joseph pense d’abord à renoncer aux fiançailles : il voit d’abord l’intérêt de Marie avant le sien, d’où son idée de rompre discrètement les fiançailles pour ne pas salir la réputation de Marie. On peut imaginer que Joseph a été blessé dans son amour propre. Car humainement c’est une histoire dure à avaler. Mais il réagit bien. Il ne cède pas à la colère, mais réfléchit. Quand l’ange lui parle, il obéit tout de suite, comme Marie. Il dépasse l’humiliation, tout ce qu’il risquait de subir, pour obéir à Dieu.

L’enfant agréable à Dieu et aux hommes

C’est dans ce contexte que naît Jésus. Faute de place, il naît dans une mangeoire. Il fuit avec sa famille en Egypte pour échapper aux foudres du roi Hérode ; aujourd’hui, on dirait que Jésus a été sans-papiers. D’ailleurs, la Bible contient plusieurs textes invitant à accueillir l’immigré, à le protéger, à prendre soin de lui, à ne surtout pas le mépriser… Après la mort d’Hérode, Jésus et ses parents s’établissent en Galilée, dans la ville de Nazareth…

De l’enfance de Jésus, on ne sait presque rien. On sait que chaque année, ses parents et lui se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. A 12 ans Jésus, Marie et Joseph entreprennent le voyage… mais alors que les parents repartent, ils réalisent que Jésus n’est plus là. Ils le retrouvent à Jérusalem… Jésus est un garçon obéissant, qui grandit et progresse en sagesse, « il se rendait toujours plus agréable à Dieu et aux hommes » (Luc 2.52).

Jésus en action

Nouveau silence jusqu’à l’âge adulte. On peut imaginer que Jésus a appris le métier de son père et exerce comme charpentier, mais la Bible ne nous dit rien. On retrouve Jésus vers ses 30 ans, pour le début de son ministère terrestre. Il retrouve Jean-Baptiste, le messager de Dieu qui prêchait dans le désert… Jean-Baptiste est le fils d’Elizabeth et Zacharie ; Elizabeth est une parente de Marie… Jésus demande à Jean-Baptiste de le baptiser. Il n’a en vérité pas besoin de baptême, puisqu’il est Dieu, mais agit ainsi pour respecter les Ecritures, et donc, montrer son obéissance à Dieu…


Ainsi commence le ministère de Jésus. Il enseigne, choisit ses disciples, se confronte aux contestataires, éclaire celles et ceux qui s’interrogent, comme Nicodème et la femme Samaritaine. Il subit le rejet à Nazareth, la terre de son enfance, continue d’enseigner ses disciples et les foules… Il guérit de nombreux malades, fait des miracles, témoigne sa compassion, pleure, s’émeut. Jésus, parfaitement Dieu, est aussi parfaitement homme. Il ressent la fatigue, la faim, la soif, l’angoisse… C’est justement parce qu’il a ressenti ces sentiments au plus profond de lui-même qu’il comprend les pensées humaines, et est le plus à même de l’éclairer, de l’apaiser…

Comment vivre Noël aujourd’hui ?

Alors que nous sommes dans cette période de Noël, comment vivons-nous ? Noël est la fête de tous : des croyants et non-croyants. Mais pour les chrétiens, Noël n’est pas seulement une fête, car il est question de la naissance de Christ. Bien entendu, on sait que la date retenue pour cette naissance est symbolique : Jésus n’est pas né en hiver ; la Bible nous le montre bien. Elle nous montre aussi que Jésus, présent depuis la création, accepte de prendre la condition humaine pour sauver l’humanité, et a été ressuscité par l’Esprit de Dieu, le Saint-Esprit.

Laïcité prosélytisme

Est-ce faire preuve de prosélytisme que de parler de Jésus ? Aujourd’hui, tout et son contraire se dit sur les notions de laïcité et de prosélytisme. La laïcité, c’est le droit de croire ou de ne pas croire ; c’est le respect de toutes les religions et le respect de ceux qui ne croient pas. Le prosélytisme, c’est la volonté excessive de recruter des adeptes, d’imposer des convictions, c’est le fait de chercher à convertir quelqu’un.

Parler de Jésus, comme je le fais dans cet article, n’est pas du prosélytisme. C’est juste parler. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire, et il convient de respecter cela. Il faut aussi rappeler que l’homme ne convertit personne. C’est Jésus qui convainc les cœurs.


Il ne faudrait donc pas empêcher toute parole en brandissant une pancarte de prosélytisme alors que la personne vous a juste dit, par exemple, qu’elle était chrétienne, ou qu’elle vous a invité à l’église. Beaucoup de chrétiens cachent aujourd’hui leur foi par crainte d’éventuelles représailles, moqueries ou crainte du regard de l’autre. Au contraire, il nous faut montrer et parler, avec simplicité, comme Marie et Joseph à l’époque.

Ouvrir son cœur à Jésus

Tout ce que Jésus nous demande, c’est de croire, et de parler de lui, avec nos paroles et notre comportement. Certains croiront. D’autres pas. Et s’ils ne croient pas, eh bien tant pis. On ne peut pas les forcer. Hélas, par le passé, bien des hommes ont été prosélytes en harcelant des populations pour leur imposer leur pensée. Peut-être qu’on retrouve chez certains ce type de comportement terrible. Ces attitudes sont contraires à la Parole de Dieu. Ce n’est pas ce que Jésus demande. Les chrétiens devraient simplement faire ce que Dieu leur demande ; c’est déjà beaucoup.

Alors, que faut-il retenir ? Noël, c’est Dieu qui descend du ciel pour sauver l’humanité. C’est Jésus ressuscité qui ne s’impose jamais, mais qui frappe à la porte des cœurs qui ne le connaissent pas encore, et attend qu’on lui ouvre. C’est l’amour de Dieu manifesté, qui nous dit « venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » « je ne vous délaisserai pas, je ne vous abandonnerai pas ». C’est Jésus qui nous donne sa paix, et nous appelle à lui ouvrir nos cœurs.

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