Précédemment dans Le petit monde de Machida

Pour rappel, Le petit monde de Machida, le manga d’ANDO Yuki, disponible en France chez Akata, nous fait découvrir le quotidien de Machida. Machida, un lycéen ordinaire qui ne voit pas du tout ce que les autres peuvent bien lui trouver. Mais les autres voient. La grande force de Machida, c’est sa grande empathie, sa gentillesse et sa bienveillance. Le manga s’est terminé en France sur un tome 7 toujours aussi doux et bienveillant, occasion pour nous de revenir sur ce manga banal et pas comme les autres.

Gentil héros Machida

Parier sur un héros complètement banal ? ANDO Yuki l’a fait, avec beaucoup de simplicité, et avec brio. Dans l’épisode 2, consacré au Petit monde de Machida, je revenais sur ce mot : la gentillesse, sur les gentils, sur toutes les idées reçues, les idées fausses.

Dans beaucoup de séries, on aime valoriser les personnages méchants. On les dit plus charismatiques, plus intéressants que les gentils. Mais c’est tout le contraire. Car au fond, les personnages méchants renvoient à ce qui est tout près de nous : l’égoïsme, l’appât du gain, l’avarice, la jalousie, la malhonnêteté, la grossièreté, les mensonges, la malveillance… C’est très facile de tomber là-dedans. Tous les jours, pour ne pas dire plusieurs fois par jour, on lâche un juron, on ment, on est de mauvaise foi, on rejette la faute sur les autres, on tient des propos grossiers…

On ne s’en rend pas toujours compte, d’ailleurs, tellement c’est ancré. Une discussion graveleuse d’un groupe d’amis, de collègues… des paroles qui traînent de couloirs en salles de pauses, qui sautent de tête en tête. On dit du mal du voisin, du collègue, du supérieur. Tout le monde crache un peu sur tout le monde, et on se dit que c’est la vie.

La vie de qui ?

La vie de personne, je pense, j’aimerais, nous aimerions tous, je l’espère.

Les vrais héros sont gentils

Le vrai combat, c’est celui-là : bien se comporter, bien se tenir, être bienveillant, poli, courtois, empathique, gentil, quoi. Les vrais héros sont les gentils. Machida le fait chaque jour sans en tirer aucune gloire, au contraire. Il apporte son aide et s’en va comme il est venu. Il préfère montrer discrètement à son interlocuteur ou son interlocutrice une autre voie, plus lumineuse que celle qu’il/elle envisageait jusqu’alors. Je pense que c’est ce qui explique le succès de Machida. Ses amis l’apprécient justement pour sa grande humilité. Certains veulent voir dans ce comportement une fausse gentillesse. Persuadé qu’on ne peut être altruiste et tournés vers l’autre, ils cherchent l’arnaque, l’entourloupe. Y’a pas d’arnaque. Aussi mauvais l’homme soit-il, il peut faire de bonnes choses. C’est ce que montre Machida.

Certains trouveront peut-être que les chapitres du Petit monde de Machida manquent de poigne. Il n’y a en effet pas d’action spectaculaire ni de retournement spectaculaire de situation. Lorsque Machida apporte son aide, ce n’est pas non plus avec une série de cascades abracadabrantes. On l’a dit : il cultive la discrétion. Certains pourront aussi noter le trait de la mangaka, ANDO Yuki, qui n’est pas toujours très précis. Les décors sont souvent réduits au strict minimum. Mais tout tient très bien ensemble. L’histoire, les dessins, les cadrages, ça fonctionne. Se dégage une ambiance douce, accueillante et bienveillante. Cette douceur nous a accompagné durant 7 tomes, et on aurait bien aimé qu’elle nous accompagne un peu plus longtemps.

A demain, Machida

Le petit monde de Machida est un très chouette manga pour passer un très chouette moment. Et pourquoi ne pas essayer, nous aussi, de travailler ce côté de nous qui manque peut-être de douceur, d’empathie, de bienveillance ? Pourquoi ne pas essayer d’être un peu moins grossier, un peu plus à l’écoute de l’autre ? Pourquoi ne pas quitter ce visage renfrogné pour essayer le visage de la joie, un peu de joie ? Ce n’est pas toujours facile, j’en conviens. C’est même très difficile. Machida, lui, arrivait à dire « le monde est magnifique » devant un paysage des plus banals. La phrase sera effectivement belle pour les uns, mais terrible pour les autres. Et c’est dans ce monde là qu’il nous faut vivre. Et c’est avec ce monde là que l’on doit composer. Un pas de plus, un pas de plus. C’est ça, avancer.

Les infos en plus

Le petit monde de Machida, aux éditions Akata

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