Précédemment dans Deep 3

Problème

On a quitté Damian en plein match contre l’équipe de Chikugo Daini. Un match ? Plutôt, un combat où tous les coups semblent permis… Hakeem le pivot charismatique de Chikugo Daini, entend imposer la loi du plus fort. Mais Damian préfère montrer l’importance du collectif.

On en apprend plus sur l’équipe de Chikugo Daini, emmenée par un entraîneur qui peine à s’imposer devant des joueurs tous plus insolents les uns que les autres. Ils sont très forts, certes, mais surtout très agressifs. Hakeem et ses coéquipiers Allen et Kei sont les plus provocateurs. Et dire qu’un recruteur est là… Allen le sait et sait aussi que ce recruteur est venu pour lui. Il le tient, son ticket d’entrée pour les États-Unis, pour la NBO. Problème : Damian et sa persévérance exaspérante…

La loi du plus fort et les autres

Le tome 2 de Deep 3 est dans la lignée du tome 1. Beaucoup d’action, quelques instants plus touchants, comme lorsque Damian se souvient de son passé, des moqueries de ses camarades. Ce n’est pourtant pas à lui de changer. Le problème, ce sont les autres.

Un bémol, cependant. L’affaire apparaissait déjà dans le premier tome. L’on récidive pour ce tome 2. Hakeem, Kei et Allen, les joueurs Chikugo Daini, excellent sur le terrain, mais seulement côté sport. Leur caractère, par contre, est loin des valeurs sportives. Hélas, de ces 3 joueurs, 2 sont Noirs : Hakeem et Allen. D’autres personnages Noirs de ce tome 2 apparaitront à plusieurs reprises et se feront remarquer par leur agressivité. Dommage. Une plus grande diversité dans les caractères aurait été bienvenue. Heureusement, Damian a très bon caractère. Doit-il être le seul ?

Je ne suis pas un robot

Mitsuhiro MIZUNO, le scénariste, également journaliste, a peut-être voulu évoquer le problème du manque de formation des clubs concernant le recrutement des joueurs étrangers. Les clubs, ici, le club de Chikugo Daini, ne pense qu’au classement mais semble oublier qu’un joueur, aussi fort soit-il, n’est pas un robot. Une vie existe en dehors du basket. Une expatriation se prépare bien avant l’arrivée dans le pays d’accueil. Les recrutements devraient le prendre en considération et offrir un cadre sécurisant à tous les joueurs, surtout à ceux qui viennent de l’étranger. Car ces joueurs étrangers ne sont pas là simplement pour faire augmenter les stats du club. Chacun apprend de l’autre. C’est ça, le partage réussi. Le sport, c’est avant tout de l’humain, et ça devrait le rester.

Mais le recrutement des joueurs de Chikugo Daini se passe mal. La façon dont le manga aborde la question donne l’impression que le problème commence après le recrutement de joueurs étrangers. Le premier venait du Sénégal et a propulsé les Chikugo Daini au top niveau. Les rivalités avec les autres équipes explosent, et Chikugo Daini recrute de plus en plus de joueurs étrangers, en l’occurrence, des joueurs africains, pour rester au top niveau.

Les ennuis commencent car, dit le manga « tous n’arrivaient pas à s’habituer à la vie au Japon » Le mal du pays conduit l’un d’entre eux à frapper un arbitre en plein match… Le problème, c’est qu’on parle des joueurs qui n’arrivent pas à s’habituer à la vie au Japon, mais on ne parle pas du Japon (ici, du club) qui n’arrive pas à s’habituer aux joueurs. Bien entendu, l’on prend ici un peu de distance par rapport au manga. Ou plutôt, on utilise le manga pour évoquer les enjeux des recrutements internationaux, de l’expatriation, des échanges culturels.

Le problème côté club

Qu’a fait le club pour accueillir ces joueurs expatriés ? A-t-il mis en place des formations interculturelles ? Ce sont des formations qui préparent les futurs expats avant (quand ils sont encore dans leur pays), et lorsqu’ils arrivent dans le pays étranger. On crie souvent « intégration intégration » comme si celui qui arrive dans le pays devait fournir tous les efforts. Non. L’intégration se fait dans les deux sens. C’est ça, le vivre ensemble. Peut-être que le manga se penchera sur ce vaste sujet dans les prochains tomes.

Pour l’instant, on montre trop souvent des joueurs Noirs et agressifs. C’est peut-être le hasard. Mais gare aux raccourcis. On aurait pu, dès le début avoir une plus grande diversité dans les caractères. De la gentillesse, de la bienveillance, de espièglerie, du sérieux, de la réflexion…

Cap aux États-Unis, et même problème, avec, souvent des joueurs Noirs qui se montrent agressifs. Un seul joueur tranche par sa bienveillance. C’est un joueur Blanc repenti du jeu en solitaire, souhaitant désormais devenir le meilleur passeur.

Nulle question de se perdre dans un débat Noir/Blanc, non. L’union fait la force. Je souligne juste que pour l’instant, les joueurs Noirs apparaissant souvent dans le manga sont trop proches des terribles clichés. Mais j’ai bon espoir de voir Deep 3 évoluer positivement et présenter des personnes de toutes origines mouiller le maillot ensemble pour l’amour du basket.

Esprit famille

On attend aussi qu’émerge un esprit de groupe. L’ambiance de groupe, l’esprit d’équipe, n’est pas encore là. Ce n’est bien sûr pas une obligation. Les auteurs ont peut-être voulu montrer la compétition régnant dans le monde du basket et tout ce qui va avec : l’orgueil, la colère, les rapports de domination, l’agressivité… L’esprit de groupe viendra certainement lorsqu’une véritable équipe se sera constituée avec Damian.

Deep 3 a du potentiel. La série nous montre déjà que le meilleur n’est pas forcément le plus fort physiquement; que le problème n’est pas forcément là où on le croit. Action, fluidité et dynamisme rythment le manga. La suite dans le tome 3.

Les infos en plus

Deep 3 tome 2 chez Mangetsu

Générique du podcast : Hands of the wind, de Manuel Delsol

Crédit couverture du tome 2 : Deep 3 © Ryôsuke TOBIMATSU – Mitsuhiro MIZUNO / 2021 – Shôgakukan

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