Oyez oyez, voici le grand retour de Skip beat! Vite, la suite !

Skip beat! les origines

Pour commencer, plantons le décor. Skip beat !, c’est l’histoire de Kyoko Mogami, jeune adolescente de shôjo manga comme on n’en fait plus. Enfin ça, c’était au début. Trahie par le terrible Shô, qu’elle considérait pourtant comme son meilleur ami, et même plus, elle se transforme en machine de vengeance. Objectif : faire payer à cet horrible Shô toutes ces années où elle n’a vécu que pour lui. Certes, il ne lui avait rien demandé. Mais il a abusé de sa naïveté, ce jeune gredin faignant, orgueilleux et de mauvaise foi (j’ai la dent très dure, oui).

Le pire, c’est qu’aujourd’hui, il se pavane en tête des charts. Le jeune homme est devenu chanteur, a fait ses entrées dans l’entertainment. Kyoko se promet de gravir, elle aussi, les marches d’or du showbiz. Ainsi donc, par un incroyable concours de circonstances (disons-le : cela n’arrive que dans les mangas), Kyoko se retrouve embauchée par la célèbre LME, la plus grande agence de stars de toute la galaxie. Elle produit notamment le tout aussi légendaire Ren Tsuruga, le jeune acteur le plus talentueux de l’univers interstellaire.

Point de paillettes pour labeur

Skip beat !, c’est le manga phénomène de Yoshiki Nakamura. La mangaka sort son shôjo en 2002 dans le célèbre mag de prépublication Hana to Yume, aux éditions Hakusensha. En France, le titre est publié depuis 2008 aux éditions Casterman. La série de Nakamura continue toujours aujourd’hui, avec 46 tomes parus en France (le tome 46 est sorti en avril) et 49 au Japon. Les tomes 45 et 46 constituent d’ailleurs un tournant majeur dans la série, tandis qu’un nouvel arc « tournage » se profile…

Car Skip beat !, c’est aussi ça. L’envers du décor, après les paillettes et le fastes du monde de showbiz. Les débuts de Kyoko sont très laborieux. Personne ne lui fait de cadeaux. Tant mieux : elle n’est pas là pour se faire entretenir. La vengeance est un carburant puissant, qui propulse notre héroïne sur le devant de la scène. Et curieusement, toutes ces années à passer la serpillière pour son faux ami Shô se recyclent bien : Kyoko réutilise les aptitudes développées dans son enfance pour ses rôles. Et ça marche. L’héroïne se transforme, découvre le jeu, découvre qu’elle aime jouer. Il est peut-être tant de lâcher Dame vengeance.

Humour vengeance romance

En avant, amis working girls ! Skip beat !, c’est le manga phénomène des années 2010. Un phénomène qui repose tout d’abord sur le caractère de son héroïne, Kyoko Mogami. Remballez vos mouchoirs, les larmes, ce n’est pas pour elle. La jeune fille est plutôt du genre à aiguiser son épée de la vengeance. Le romantisme est mort avec ses illusions. Elle vivra par elle-même et gagnera son pain à la sueur de son front. Et dans les rires ! Car oui, on rit énormément dans Skip beat ! Non seulement Kyoko s’érige en personnage des plus clownesques, mais elle persiste et récidive dans l’humour, à grand renfort de déformations faciales et autres grimaces. Un humour bienvenu, qui permet de prendre du recul.

Le manga passe aussi de longs moments à nous parler de travail, entre les auditions et les indispensables apprentissages. Ça change des amourettes de jeunes filles forcément naïves qui se vivent dans les yeux d’un hypothétique prince charmant (qui n’a pas que ça à faire de penser pour deux, d’ailleurs).

Dans Skip beat !, point d’amourettes bêtes, mais une bataille pour évoluer dans le monde professionnel. Bataille où tous les coups sont permis ? A voir les manigances de Shô, on dirait bien que lui. Heureusement, d’autres jouent franc jeu, comme le majestueux Ren Tsuruga. Bon, lui, clairement, c’est l’homme « parfait ». Avec des failles qui restent touchantes parce que les hommes ténébreux ont toujours la côte dans les mangas (allez savoir pourquoi). Mais alors que la vie professionnelle de Kyoko fonce sur l’autoroute de la réussite, sa vie personnelle se perd dans des virages dangereux. Dame vengeance a du mal avec l’amour…

Amour cause toujours

L’amour, qu’est-ce donc que cela ? dirait Kyoko avec un petit air dédaigneux. Celle qui ne vit que pour la vengeance a supprimé tout sentiment amoureux de son esprit. Elle doit pourtant bien faire ressortir quelque émotion pour incarner ses personnages. Va pour le travail, mais dans la vraie vie, c’est niet. Et pourtant… Alors que l’histoire avance, la jeune fille évolue. La vengeance tue, voilà tout. Mais par quoi remplacer cette colère qui la nourrissait si bien ? Par l’amour ? Horreur, torpeur, épargnez la jolie jeune fille… !

A ce stade du récit, Skip beat ! se transformerait-t-il en amourette glauque ? Heureusement, non. Yoshiki Nakamura dose tout avec précision… Quoique. Hélas, si la série doit son succès à ses nombreux rebondissements comico-professionnels, ces mêmes rebondissements, ou plutôt, les réactions des personnages face à ces rebondissements deviennent un peu trop tirées par les cheveux, quand elles ne sont pas tout simplement hors-sujet. L’action s’étire et s’allonge comme la phrase qui précède celle-ci. C’est particulièrement vrai à partir des tomes 34-35 (et même avant). Les dialogues sont longs, beaucoup trop longs. Les bavardages ralentissent l’action. Disons-le franchement : on s’ennuie un peu.

Skip beat la suite ?

Faut-il pour autant tourner le dos à Kyoko Mogami ? Holà, non ! On prolonge le CDI, pensez-vous ! On espère cependant plus de mordant, de piquant, et on fait bien d’espérer. Le nouvel arc de tournage qui prend place semble nous réserver de belles surprises. On espère une nouvelle progression, tant sur le plan professionnel que dans la vie personnelle de notre héroïne…

Car Shô n’est pas le seul à lui avoir brisé le cœur. Au pays des embrouilles de famille, les piques et les broches remplacent parfois les calinades et les baisers d’amour. Qu’ai-je dit ? L’amour ? Verra-t-on enfin cette chose éclore dans le cœur de notre Kyoko internationale ? Là encore, il faut attendre, et espérer.

Retrouvez Skip beat ! aux éditions Casterman.
Podcast crédit générique de début et de fin : Hands of the winds, de Manuel Delsol.

Crédit couverture du manga : Skip beat! © 2002 – NAKAMURA Yoshiki / HAKUSENSHA, INC.

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