Un jour avec Fee

2036. Le Nord et le Sud de l’île d’Arrecquero sont empêtrés dans une guerre qui s’éternise. Au milieu, Fee, Kurk, son père, une vieille vespa (la passion de Kurk) et des baskets. Celles de Fee. Mais elle ne les a pas aux pieds. Les horribles gosses du coin les ont encore balancées à 1 000 mètres d’altitude. Fee ne vole pas. Mais elle aimerait bien. Elle court. C’est déjà ça. Elle cogne, aussi. Quelques coups dans les joues de l’affreux jojo. Mais il n’est pas seul. Ses acolytes, en embuscade, se jettent sur Fee. Une bagarre de plus. Pourquoi pas. Mais Fee non plus n’est pas seule. Kurk et sa vespa débarquent lourdement armés. Coups de cannes, sermons bien lancés. Les ados détalent. Là-bas, c’est la guerre. Un jour ordinaire.

Les rappels à l’ordre n’étaient pas que pour les terribles ados. Fee aussi est interpelée par son père. Doucement. Kurk n’est pas du genre à aboyer. Sa fille n’est pas allée en cours. Il le sait. Mais la vie continue, et Fee devrait faire ce qu’elle a envie. Pour l’instant, les cours ne lui disent rien. Et le discours du président, ça lui dit ? Les Jeux mondiaux viennent de commencer. Une respiration sportive bienvenue ; des cris de joie, pour oublier les cris d’effrois. C’est le moment de rire et de s’amuser. Un encart de paix entre deux rafales. C’est déjà ça.

Fee, Kurk et les autres habitants prennent ce qu’on leur donne avec joie. Le temps, c’est la résilience. Et ces temps de trêve sont précieux. Ils pourraient même déboucher sur la fin de la guerre, pourquoi pas ? Non, ne rêvons pas trop loin. Fee rêve avec lucidité. L’horizon de la paix est trop loin. Mais le retour de l’amirale, sa mère, est tout à fait réalisable…

Run to Heaven, les origines

Exceptionnel. Certains mangas vous laissent sans voix. Run to Heaven est de ceux-ci. Dès la première page, on est happé dans l’eau avec Fee, et puis là-bas, au milieu de ces affreux gosses à qui on remettrait bien la tête à l’endroit, parce que franchement, en ces temps difficiles pour tout le monde, on a mieux à faire que de piquer des baskets. Mais la guerre dure et le quotidien s’en est presque accommodé. Tout le monde ne parle que de ces Jeux mondiaux transporteurs d’une paix fugace, le temps d’une course.

Ça tombe bien. Fee court depuis son enfance.

Run to Heaven est le premier manga de TOAN. L’auteur a d’abord sorti son titre en autoédition en 2021. Dès 2022, les éditions Ankama annoncent l’arrivée du manga dans leur catalogue. Le premier tome de Run to Heaven sort chez eux en juin 2024.

Run to Heaven est passionnant dès la première page. D’emblée, on est pris d’empathie pour Kurk et Fee. Ils forment un duo père/fille très attachant. Fee impressionne par son caractère, sa détermination, cette soif de liberté qu’elle porte en elle, qu’elle révèle en courant. Ses capacités sportives laissent tout le monde sans voix. Fee ne s’estime cependant pas du tout exceptionnelle, et fait juste ce qu’elle a envie de faire. La vie continue, il faut bien la vivre.

Les dessins du mangaka font ressentir cela. Les planches sont vibrantes, le dessin, très beau. Les planches dépeignent tantôt le quotidien, un peu doux, un peu amer, c’est toujours la guerre, tantôt le malaise des habitants, leurs rêves brisés, les échecs, la vie, tellement difficile… Certaines scènes font froid dans le dos. TOAN réussit à nous faire ressentir ce malaise, cette terreur, ces choses impensables, mais qui existent, malheureusement.

A demain, Fee

Sur la 4e de couverture, figure une petite indication « pour public averti ». La mention fait surtout référence à la fin de ce premier tome où la paix précaire se brouille dans un nuage sombre… Mais cette mention ne fait pas référence à un déluge de violence gore. Elle est plutôt en lien avec certains propos très durs, certaines scènes difficiles. La fin du tome nous laisse complètement désarmés, sans voix. Il est bien difficile de transcrire correctement toutes les émotions ressenties à la lecture de Run to Heaven. Ce manga est poignant, aérien, émouvant, magnifique.

Les infos en plus

Run to Heaven, tome 1, éditions Ankama

Effets sonores : Tunetank.com ; Zapsplat.com

Crédit image © TOAN – Ankama

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