Avertissement
Déconseillé aux moins de 16 ans, le K drama Mask Girl n’est pas à mettre devant tous les yeux, pas plus qu’il n’est à mettre à disposition de toutes les oreilles. Le drama est en effet une comédie noire qui aborde des thématiques très dures, et montre des images dérangeantes, choquantes, avec de l’hémoglobine pour le scabreux.
Autre avertissement : l’article et l’épisode du jour contiendront de nombreuses révélations. Attention donc si vous n’avez pas encore vu la série et souhaitez conserver l’effet de surprise.

Kim Mo Mi et/est Mask Girl

Kim Mo Mi a toujours rêvé d’une vie extraordinaire, mais doit supporter l’horreur de la vie ordinaire. Elle se rêvait idol, finit employée dans une entreprise. Elle se rêvait sous le feu des projecteurs, imaginait recevoir cet amour bien réel venant de millions d’inconnus qu’elle aimerait tout aussi sincèrement. Hélas, Kim Mo Mi n’est pas une star. On lui a volé sa vie.

Le diktat de « on »

« On », c’est « la société » coréenne de l’époque. Et certainement celle d’aujourd’hui. À l’époque, donc, Kim Mo Mi est une jeune fille passionnée de danse et de chant. Elle participe même à un télé-crochet où elle danse et chante devant un jury et le public, son public, ce n’est qu’une question de temps. Mais Kim Mo Mi grandit et ses rêves s’envolent avec son insouciance. Car, selon ses camarades, son physique ne lui permet pas de briller sur scène. Ils la trouvent laide. Du moins, pas assez jolie pour danser avec les autres filles de l’école. Le critère de « beauté » est pourtant très subjectif. On trouve parfois qu’il est naïf de dire que « tout le monde est beau ». Il est tout aussi naïf de ne reconnaître qu’une seule forme de beauté.

Le temps passe. Mo Mi, on l’a dit, est désormais salariée dans une entreprise. Son emploi, elle s’en fiche. Seules les conversations avec sa collègue lui permettent de tenir le coup. Toutes deux sont victimes des railleries de certains collègues masculins, qui les jugent sur leur physique. Encore, des remarques et sous-entendus blessants… ces hommes préfèrent relaxer leurs yeux devant une jolie jeune recrue à l’air naïf, qui leur prépare du café comme une caricature de femme soumise. Mo Mi et sa collègue se moquent de tout le monde… sauf du superviseur. Mo Mi l’aime beaucoup. Devant l’air dubitatif de sa collègue, Mo Mi soutient qu’il est parfait : cultivé, professionnel, drôle, intelligent, beau, etc. Mais il est marié.

Le monde selon Mask Girl

La jeune femme a au moins une consolation, un peu de chaleur dans sa morne vie. Elle a son public. La carrière de rêve qu’elle n’a pas pu avoir « dans la vraie vie », Mo Mi l’a sur Internet. Elle se produit en tenues légères et porte un masque… c’est elle, Mask girl. Elle s’exhibe dans des danses lascives et sensuelles sous le regard d’un public qu’elle ne voit pas, mais qui l’aime, c’est certain. Ses fans et leurs pseudos plus ou moins évocateurs lui envoient des cœurs, des cœurs payants. Il faut bien que Mo Mi gagne sa vie de la nuit.

Mais il y a un « mais ». Mo Mi aurait pu continuer longtemps sa double vie. Salariée ordinaire le jour. Danseuse sexy la nuit. Mais un jour, elle accepte l’invitation d’un fan. C’est que rumeurs couraient sur elle. Son public voulait voir son visage. Il s’agitait lors de ses lives : « On veut voir ton visage ! » « quelle tête peut-elle avoir ? » « Elle doit être très moche ! C’est pour ça qu’elle met un masque » « mais non, elle est très jolie ! » Mask Girl fait taire le suspense et accepte de sortir avec l’un de ses admirateurs.

Rendez-vous mort

Le rendez-vous est pris un soir. Hésitante, Mo Mi hésite se planque sous de grosses lunettes noires et un masque. Ils vont au restaurant, et l’homme insiste pour qu’elle l’enlève. Il la met assez en confiance pour qu’elle le fasse… à moins qu’elle ne cède à une forme de pression indirecte…

Contre toute attente, l’homme est subjugué. Il trouve Mo Mi belle et se demande pourquoi elle n’a pas ôté son masque plus tôt. Le rencard nocturne continue dans un bar, et le fan enchaîne les compliments sur le physique de Mo Mi. Il l’invite à boire… Tout le monde sent l’entourloupe. Pas Mo Mi. Elle est saoule et se croit heureuse. Mais, alors qu’ils arrivent devant un love hotel, Mo-mi dessoule vite. Elle ne veut pas entrer. L’homme insiste encore une fois. Il veut juste continuer de discuter avec elle tout en buvant des bières. Drôle de langage. Mo Mi comprend enfin le piège et veut partir. L’homme révèle sa vraie nature ; il a juste répondu à un pari. Mo Mi doit lui obéir. Il tente de la violer. Heureusement, Mo Mi se libère de son emprise. Une bagarre éclate. La tête de l’homme percute une commode, et il tombe, mort.

Mask Girl, les origines

Mask Girl est un drama coréen (K drama/Korean drama) réalisé et scénarisé par Kim Yong Hoon. Il a notamment réalisé et scénarisé le film Lucy Strike. Sorti en 2020, le thriller montre des personnages, qui, pour se rouler dans une nouvelle vie, sont prêts aux manipulations les plus sordides. La série Mask Girl sort en 2023 et compte 7 épisodes. Côté casting, 3 actrices incarnent Kim Mo Mi : Lee Han Byeol, Nana et Go Hyeon Jeong. An Jae Hong joue Ju Oh Nam. Yeom Hye Ran joue Kim Gyeong Ja, la mère de Ju Oh Nam.

Dans le K drama retrouve la manipulation, qui devient presque une seconde peau à enfiler. Les personnages vont jusqu’au bout de leur démarche pour sortir d’eux-mêmes, de leur vie. À moins qu’ils ne vomissent au visage d’une société qui les a trop longtemps rejetés. L’un dans l’autre ou l’autre dans l’un, c’est un monde bien sombre que dépeint Mask Girl. Un monde en dégradé de gris.

La société derrière le masque

Derrière les piques vives et le cynisme se cachent parfois de grandes dénonciations. Dans Mask Girl, c’est cette société qui exclue et divise que l’on traîne devant les tribunaux invisibles. La série nous montre toute la noirceur des humains. Ils sont horribles quand ils sont seuls. Ils sont pires lorsqu’ils sont en groupe.

Je ne suis cependant pas versée dans l’humour noir. Du cynisme, pourquoi pas, mais quand la violence se roule dans le glauque, je ne suis plus. Dans Mask Girl, ce qui m’a dérangée (personne ne me demande mon avis, mais, soit !) c’est le déluge de violence à tous les niveaux. Il n’y a aucune contre parole positive, si ce n’est un peu, peut-être, vers la fin. On est néanmoins aspiré dans un monde sombre et les personnages sont eux-mêmes des spirales de trous noirs. On ne peut se fier à personne, il ne faut croire personne, tout est mauvais.

Les hommes qui agressent dans les hôtels

Lors de cette sombre nuit à l’hôtel, un autre admirateur suivait Mo Mi. C’est Ju Oh Nam. Il travaille dans la même entreprise que Mo Mi et à confondu la jeune femme grâce à ses mains. Il sait donc qu’elle est Mask Girl. Observateur, direz-vous. C’est là qu’il faut commencer à s’inquiéter.

Ju Oh Nam se présente comme un « prince » qui ne voudrait que le bonheur de Mask Girl/Mo Mi. Au début, il semble effectivement s’inquiéter pour la jeune femme. Lorsqu’il apprend pour le rendez-vous, pour le pari odieux, il tente de l’avertir, en vain. Mais il parvient tout de même par arriver sur les lieux. Hélas, les drames se sont déjà produits. L’homme est mort. Enfin, Mo Mi le pense. Traumatisée, elle n’a pas osé vérifier.

Ju Oh Nam la presse de sortir. Il va arranger ça. C’est le fameux cliché de l’homme qui règle tout. Personne n’y croit, bien sûr : que va-t-il arranger ? Il va plutôt transformer un accident en crime, ce qui les mettra Mask Girl et lui dans une situation encore pire. Mais il insiste, et Mo Mi finit par l’écouter. Elle avait pourtant la bonne réponse : appeler les secours. Mais elle a écouté l’argument de Oh Nam : elle risque d’être traitée de criminelle. À la base, c’est pourtant Mo Mi, la victime. Mais ici, c’est comme si on éclipsait soudain la tentative de viol ou, plus sournoisement, comme si Oh Nam supposait que ni les policiers ni la justice ne croiraient que Mo Mi ait pu être victime d’une tentative de viol… supposition bien sûr dramatique, qui conduirait à émettre des échelles de valeurs.

La justice et les bouts de lois

À plusieurs reprises, Kim Yong Hoon, le réalisateur de la série va nous mettre devant ces situations. Je pense que ce genre de série a un côté si extrême qu’on ne peut pas y entrer, et c’est voulu. On regarde de l’extérieur les personnages aller jusqu’au bout de tous les excès. On peut d’ailleurs regarder ce genre de série avec deux grandes attitudes.

Extrême

Tout d’abord, le côté extrême : je vais voir ces gens aller au bout de leurs actes, aussi cruels peuvent-ils être. Nous ne pouvons pas faire ça, mais eux, dans la série, peuvent faire tout et n’importe quoi. Bien sûr, il y a des conséquences, mais au moins, ils l’ont fait. Ce genre d’attitude est comme un exutoire. On regarde d’autres s’adonner à des activités condamnées par la loi. On vide son sac à travers ces gens qui se conduisent atrocement mal. Est-ce qu’on approuve ? Est-ce qu’on condamne ? Qu’est-ce qu’on approuve ? Qu’est-ce qu’on condamne ? On peut avoir honte et/ou peur des réponses qu’on pourrait donner.

Et selon qu’on s’associe à tel ou tel comportement, on fait bien d’avoir honte et peur de soi-même. Certes, la loi est imparfaite. Elle-même condamne parfois les innocents au lieu de les protéger. Elle les condamne en ne jouant pas son rôle, en laissant des coupables en liberté, en acceptant de se taire pour de l’argent, en passant sous silence la corruption (on le verra aussi dans la série)… Est-ce cependant une raison pour se venger soi-même ? Peut-on se passer de la justice humaine, même si elle est imparfaite, car représentée par des humains bien imparfaits, par nature ?

Juge

Autre point de vue : la prise de recul et l’observation des humains qui se détruisent. On pourrait juger les actions de chaque personnage. « Non elle n’aurait pas dû, il n’aurait pas dû » « pourquoi avoir fait ça, etc. » « si elle ne l’avait pas écouté, rien de tout cela ne se serait passé… ». On peut aussi se demander : « qu’est-ce que j’aurais fait à sa place ? ». On veut croire qu’on n’aurait jamais versé dans le crime.

La série remonte à l’enfance des personnages, pas pour les excuser, mais pour essayer de comprendre (il n’y a cependant pas forcément de rapport de cause à effet). Et nous-mêmes ? A-t-on un jour été celui qui harcèle l’autre ? S’est-on moqué de l’autre ? A-t-on été celui qui aide l’autre ? Qui l’aide à faire le bien ou le mal ? A-t-on été la victime ? Celui qui aide la victime ? À faire quoi ?

Ça n’excuse pas tout

Au début, on peut croire que Ju Oh Nam est celui qui aide la victime. Mais il ne l’aide pas du tout. Il la précipite plutôt au fond du gouffre. Car l’agresseur n’est pas mort. Mask Girl n’en sait rien. Elle est partie. Ju Oh Nam découvre donc que l’homme n’était pas mort, mais s’acharne sur lui et le tue. Pourquoi une telle rage ? Oh Nam veut peut-être le punir, car il a osé toucher à Mask Girl. Il veut peut-être venger la jeune femme. Ou alors, il s’acharne parce que ce n’est pas lui qui a violenté la jeune femme… C’est là qu’il montre son vrai visage.

On l’a dit, dans Mask Girl, les bas instincts appellent d’autres bas instincts. Lorsque la série se concentre sur Ju Oh Nam, elle présente un garçon brimé dès son enfance. Il a vécu seul avec sa mère, une mère qu’il juge très protectrice, peut-être trop. Il prend son indépendance et vit seul. Dehors, c’est un salarié ordinaire. Chez lui, il laisse vivre ses passions les plus sujettes à questionnement… l’appartement est réduit au plus important pour Oh Nam : son ordinateur, ses poupées grandeur nature, et de la nourriture instantanée… La vie de Ju Oh Nam est présentée comme très triste. On excuserait presque ses déviances à cause des traumatismes de son enfance. Mais bien entendu, cette position n’est pas tenable et n’est pas du tout celle tenue dans la série.

Victime dans l’enfance et quelque part jusqu’à l’âge adulte, Ju Oh Nam passe du côté des agresseurs. Dans la série, on a l’impression que chacun est un agresseur potentiel. Le cynisme poussé à son paroxysme prend des airs angoissants et tragiques.

Affreux mélange

Quand l’affaire de meurtre éclate, Mo Mi se terre chez elle. Oh Nam lui rend visite. Espère-t-il s’enfuir avec elle et vivre sa plus belle vie de prince ? Il se jette sur elle et la viole. On a la réponse à la question du crime. Oh Nam fait ce que le faux admirateur n’a pas fait. Il commet ce crime odieux et bascule encore plus dans le sordide. Le « prince » Oh Nam, comme tous les autres admirateurs de Mask Girl, prétendait pourtant s’inquiéter pour elle. Croyait-elle ses mensonges ? Elle voulait de l’amour et en avait à offrir. Les hommes lui ont imposé leur violence et leur vision sordide. Oh Nam considérait juste Mask Girl comme une chose. Mais tout bascule très vite. Mo Mi prend le dessus au sens premier comme au sens figuré et tue l’homme. Et là encore, on a le droit à l’acharnement et au déferlement d’hémoglobine.

Mais pourquoi ce mélange entre violence et scène sexuelle ? Quelque chose de bestial se dégage de cette séquence horrible. Tout est mélangé dans un voyeurisme repoussant. Plus tôt dans la série, le superviseur soi-disant parfait trompait sa femme avec la joliette qui faisait du café. On a montré une scène, certes, où les deux étaient consentants, mais une scène bestiale, catastrophique, avec ces corps qui gigotent. J’ai l’impression que lorsque Netflix se met à l’heure drama, il faut craindre ces dérives. First love présentait une scène de ce style. Catastrophique. Certains objectent : « c’est plus mature ». Mais faut-il des scènes de sexe pour avoir l’air mature (et quelles scènes… !)

Après avoir tué Oh Nam, Mask girl s’enfuie sous une nouvelle identité, un nouveau visage. On lui a toujours dit que le sien était laid. Elle en aura un autre et vivra dans la clandestinité.

Le monde perdu

L’histoire la rattrape, sous les traits de Kim Kyung Ja, la mère d’Oh Nam. Une femme tout d’abord présentée comme brave, qui a élevé son fils seule. Une femme qui se dit chrétienne, mais qui au fond suit sa propre voie : celle de la vengeance. Le message de la série semble être : il n’y a rien à tirer de ce monde, il n’y a rien à tirer des hommes. Tout est détraqué. L’auteur cherche-t-il à dénoncer des dérives de certains qui se cachent sous le masque de croyant pour commettre des atrocités ?

Confrontée au meurtre de son fils, quelle devrait être la réaction de Kyung Ja ? Pas la vengeance, c’est sur. On aurait attendu la foi dans la souffrance, une remise en question, des tentatives pour prendre du recul, une lutte pour maîtriser sa colère…

L’issue bouchée

Mais elle se venge. Et bien avant de se venger, elle insulte. Elle ne fait que ça. Les gros mots coulent dans sa bouche comme de l’eau. Un comportement encore une fois qui n’a rien à voir avec celui d’un vrai chrétien. La série parle bien des dérives. Ce sont aussi des masques, en fait. Le drama dénonce ces gens qui portent le masque du gentil, mais qui au fond sont détestables. Le problème est qu’il n’y a pas de contre-voix. On est toujours dans ce monde en spirale, ce monde qui tire tout vers le bas. La série montre des faux chrétiens parler de Dieu tout en maltraitant leur prochain. Or, ces images sont si récurrentes qu’elles semblent s’ériger en vérité générale. Ce qui est bien entendu faux.

Est-ce pour souligner que l’espoir est mort ? Il semble que Kim Yong Hoon veuille dire « même ceux qui vraiment devaient promouvoir la paix se comportent comme les pires crapules ». La palette des émotions et des comportements est très réduite, dans Mask Girl. Ne restent que la colère et à la rage. Dans le drama, il n’y a personne vers qui se retourner pour avoir de bons conseils, pour voir les bonnes pratiques. Or, ces personnes existent, bien entendu. On le verra à la fin.

Triste Mask Girl

Kim Mo Mi rêvait d’être idol. Ses danses sont très suggestives ; on pourrait presque dire qu’elle s’offre elle-même… comment, à qui ? Elle est pourtant sûre de maîtriser ce qu’elle fait. C’est bien elle qui décide et choisit de danser. J’y vois encore une critique de cette société du paraître. On revient à la notion de beauté, de laideur. En Corée du Sud, et dans bien d’autres pays hélas, cette culture du paraître fait des ravages. En France, plusieurs études ont montré qu’on avait plus de chance d’être embauché en étant beau, même avec un CV moins intéressant qu’un autre. Mais qu’est-ce qu’ « être beau », « être laid » ? La laideur, n’est-ce pas plutôt cette société qui harcèle, juge et condamne ? La « société » faite de personnes avec des visages divers…

Dans Mask Girl, les hommes sont abjects. Manipulateurs, pervers, violents et égoïstes, ils maltraitent les femmes qui finissent par se venger. Mais les violences subies par ces femmes sont masquées par les violences qu’elles commettent. On ne parlera plus du viol subi par Mo Mi. On ne parlera que de son crime atroce, et il est atroce, bien sûr. Un procès équitable serait cependant remonté aux origines, non pour excuser, mais pour dire tous les faits. Là encore, on peut peut-être y voir une critique de la société qui ne voit que ce qu’elle voit, qui ne retient que ce qu’elle peut retenir.

Masque tordu

C’est peut-être pour ça que la série commence comme une comédie romantique très classique. Mo Mi secrètement amoureuse de son chef, la vie de bureau… On a un premier électrochoc en la voyant danser. Quelque chose ne va pas. C’est trop sexy. Mais ne voit-on pas ce genre de danses tous les jours ? C’est devenu tellement commun, une femme qui danse en culotte ou presque, qui se trémousse en chantant son amour perdu ou son déménagement dans le quartier d’à côté. C’est devenu si commun qu’on trouve ça normal. Le problème est là.

Certains même parlent d’une libération des femmes. Dans Mask Girl, on les trouve plutôt enchaînées à des clichés. Coincées dans des visions d’hommes violents. Mais se déhancher lascivement devant une caméra ou un parking réussit-il à briser les chaînes ? C’est une grande interrogation. En quoi se déshabiller sert-il la cause des femmes ? N’est-ce pas se livrer aux yeux de tous les pervers du coin ? D’autres diront que « non », que « mon corps m’appartient », que « je fais ce que je veux ». Oui, chaque corps appartient à son propriétaire. Et c’est parce que le corps appartient à son propriétaire qu’il faudrait le traiter avec soin et respect. Encore faudrait-il s’entendre sur la définition de ces termes.

Oter le masque

Il y aurait encore beaucoup à dire, dans Mask Girl ! Je n’ai pas beaucoup parlé du harcèlement, autre fléau de nos sociétés… La réalisation des épisodes suit une spirale descendante, marquée par des scènes chocs. Mais le choc n’apporte aucune lumière, au contraire. On sombre toujours plus loin dans le glauque. Le dernier épisode est plus convenu dans la forme. Mo Mi se transforme en sauveuse, contre la pseudo-chrétienne, déformée par la vengeance. Mo Mi va en effet sauver sa fille des griffes de sa grand-mère paternelle… Car oui, Mo Mi était tombée enceinte. Le père était Oh Nam, celui qui l’avait violé et qu’elle avait tué. La grand-mère paternelle donc, c’est Kim Kyung Ja, vieille dame pleine de gros mots et de vengeance.

Le portrait de famille est catastrophique. Mais Mo Mi, assagie durant son passage en prison, veut une autre vie pour sa fille. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle l’a confiée à sa mère, malgré leurs relations tendues. Pour sauver sa fille, prénommée Mi Mo, Mo Mi s’enfuit de prison et défie la grand-mère. S’en suit un dernier déferlement de violence, avec la mort de Kim Kyung Ja. Jusqu’au bout, cette grand-mère sera restée enfermée dans ses mensonges et sa vision tordue de la réalité ; une vision tordue qui l’arrange et dans laquelle elle a le beau rôle.

Mais Kim Mo Mi, elle, a changé. On ne sait pas si elle regrette son meurtre. On l’a dit, la tristesse, les souffrances, les regrets, la repentance ne sont pas vraiment au chapitre de Mask girl. Ou alors, c’est une tristesse qui se manifeste dans la colère. Kim Mo Mi n’en a plus, car sa fille est sauvée. Mo Mi meurt dans ses bras.

Briser les chaînes

Jusqu’au bout, Kim Yong Hoon joue avec sur les retournements de situation. Les personnages, eux, vont jusqu’au bout du pire. Enfin, certains d’entre eux. Après une dernière scène de violence avec ses litres d’hémoglobine, le calme revient. Tout de même je me demande si tout ce déluge de violence sert vraiment son propos… Faut-il toujours le trash, l’excès pour dénoncer quelque chose ? Certains vont dire que oui, les images choquantes montrent tous les travers de la société. D’autres vont prendre ça comme un divertissement supplémentaire… Mais le monde n’est pas qu’en dégradés de gris. Il existe bien la gentillesse, l’amabilité, la serviabilité, contre l’égoïsme, l’orgueil et la méchanceté. C’est peut-être surtout ça qu’il faut retenir, pour sortir de la spirale, briser les chaînes infernales.

Les infos en plus

Mask Girl, disponible sur Netflix.

Générique du podcast : Hands of the wind, de Manuel Delsol 🙂

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